Arsène Tchakarian, membre du groupe Manouchian, vient de nous quitter à l’âge de 101 ans.
Je me rappelle qu’Arsène Tchakarian était resté caché chez mon oncle Arménag Guréghian, alors qu’il était recherché par la police et la Gestapo.
Extrait de mon livre « Le destin de mon père – Le Golgotha de l’Arménie mineure », éd. L’Harmattan 1999, rééd. 2001, 2007 : (C’est mon père qui parle)
… Arménag était devenu entre-temps un militant communiste très actif. Il fit aussi partie de la branche logistique du groupe Manouchian (les F.T.P.-M.O.I., qui étaient les seuls combattants contre les Allemands de toute la région parisienne, pendant l’Occupation). Lorsque la police française arrêta la plupart des résistants du groupe Manouchian, Arménag et son épouse Araxi aidèrent quelques membres du groupe à se cacher et à échapper aux arrestations. Il y eut la fameuse « affiche rouge » dans le métro et ailleurs, sur laquelle les héros résistants figuraient comme de dangereux « terroristes ». Ils furent fusillés au Mont Valérien, le 21 février 1944. Arménag m’avoua, par la suite, qu’il avait souvent caché des armes et diverses bombes destinées aux résistants dans la cave de ma boutique de la rue de Maubeuge (dont il détenait les clés). L’épouse de Missak Manouchian, Mélinée, deviendra, par la suite, une amie intime de notre famille…
Mélinée Manouchian était devenue très proche et habitait même avec mes parents à notre retour en France. En 1962, à Erevan, c’est Mélinée Manouchian qui ira négocier (à la place de mon père) mon mariage avec Rousane, auprès de son père, l’écrivain Heraïr Mouradian, emprisonné sous Staline.
Le 5 Août 2018
Jean Guréghian