« Malheureusement, les décisions d’une importance cruciale pour l’Arménie sont prises en obéissant à la volonté d’une seule personne plutôt que sur la base d’analyses géopolitiques par des groupes de réflexion spécialisés » a déclaré Hovsep Khurshudyan, président de l’ONG Free Citizen, à ArmInfo.
« Par exemple, Nikol Pashinyan a pris une décision sur l’envoi de nos troupes au Kazakhstan à la suite d’un seul appel téléphonique – tout seul. Il a pris cette décision rapide avec un récepteur à la main. Donc, dans une certaine humeur, il est capable de rendre l’Arménie encore plus dépendante de la Russie et de simplement envoyer notre pays hors de l’orbite de l’Occident », a déclaré l’expert.
Selon lui, si le rôle de l’Occident, qui équilibre la Russie dans le Caucase du Sud, devait être diminué, cela s’avérerait gravement préjudiciable à l’Arménie. Entre autres choses, dans le cadre de la restauration de son intégrité territoriale, du règlement de la question d’un « corridor » via Syunik, de la démarcation des frontières, etc. Entre-temps, l’équilibre régional relatif entre la Russie et l’Occident a jusqu’à présent été maintenu – surtout après l’administration Biden est arrivée au pouvoir aux États-Unis.
Selon l’expert, les projets de loi et les résolutions pro-arméniennes récemment approuvées aux États-Unis et en Europe ont donné à l’Arménie des opportunités de manœuvre. Cependant, en raison des décisions pro-russes d’Erevan sur le Kazakhstan, ces opportunités sont sérieusement limitées. La plus grande menace est d’éventuels risques territoriaux supplémentaires et liés au « corridor » pour l’Arménie.
A son tour, Moscou use d’une « diplomatie hybride » et d’une politique envers l’Arménie, assez similaire à sa politique envers Ankara, son seul but étant d’aliéner à la fois les Etats de l’Occident et de détériorer les relations de leurs dirigeants avec Washington et Bruxelles. La différence est que la Russie doit payer à la Turquie, et le coût est plutôt lourd – par exemple, en fournissant des systèmes de missiles S-400 et en construisant une centrale nucléaire à Akkuyu. Pendant ce temps, l’Arménie aggrave ses relations avec l’Occident « gratuitement » en s’impliquant dans les opérations de la Russie au Kazakhstan.
« Nous, pour être précis, nos autorités, sommes responsables de cette situation. Ils ont habitué le Kremlin à leur volonté d’obéir à tous les ordres du Kremlin. Mais je ne comprends pas pourquoi les autorités arméniennes en place obéissent à ces ordres après avoir prouvé leur légitimité il n’y a pas si longtemps, en juin dernier. Les autorités ayant des bases internes plutôt solides sont capables d’être beaucoup plus indépendantes dans leur politique étrangère. Je ne vois aucune raison objective pour que les autorités arméniennes en place mettent docilement en œuvre les projets de Moscou au détriment de leurs propres réputation dans le monde civilisé », a déclaré M. Khurshudyan.
