« Il est temps d’avoir un plan B pour le « génocide » » par Ali H. Aslan
Journal « Zaman » en date du 24 août 2007
Ca y est nous y sommes. La ligue Anti-Diffamation (ADL) a publié un communiqué reconnaissant le « génocide arménien. » C’est la première approbation publique de la cause arménienne par une organisation
juive américaine de cette importance. Est-ce que je suis étonné ? Pas nécessairement – j’ai su que cela allait venir. De mes
conversations avec des représentants de groupes de lobbys juifs américains, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait aucun consensus sur cette question controversée. Ne faites pas d’erreur, il y a toujours eu un certain accord dans la communauté juive américaine sur le fait que ces événements étaient « équivalents à un génocide. »
C’est le même cas avec la plupart des autres « amis » de la Turquie. Mais la croyance de quelque chose est une chose, et l’indiquer publiquement en est une autre. Récemment, il y a eu évidemment une tendance à parler plus ouvertement de cette question. La position de l’ADL est ceci : Oui, c’était génocide, mais le congrès des USA
ne devrait pas le dire.
Franchement, par certains côtés, je trouve l’ADL intellectuellement plus honnête que beaucoup d’autres organisations juives. Les organisations juives qui sont les mieux investits dans les relations Turco-Israélo-Américaines avaient essayé d’être politiquement correctes envers la Turquie. L’ADL est plus honnête parce c’est ce que la plupart des organisations juives ont toujours cru mais qu’elles n’avaient jamais dit encore publiquement.
L’ADL s’est toutefois arrêter avant de soutenir la résolution d’un génocide arménien au congrès parce qu’elle pense que ce serait « contreproductif. » Si on reconnait le génocide juif (c’est-à-dire l’Holocauste) cela devrait avoir des conséquences mais « un génocide arménien », celà ne devrait pas en avoir, ce n’est pas complètement honnête.
C’est le problème principal avec la position de l’ADL.
D’autre part, pour être juste, quand on vient à parler des questions politiquement chargées comme les allégations arméniennes de génocide, s’attendre à une pleine honnêteté de n’importe quelle partie concernée serait du luxe.
Il y a des lacunes sérieuses entre les positions publiques et privées. Prenez le gouvernement des USA par exemple. Publiquement, il évite de l’appeler « génocide. » Mais je suis sûr qu’en privé la plupart des fonctionnaires croient que c’en est un . « Nettoyage ethnique » et « exil forcé » ne sont pas pas des sujets de fierté, pour n’importe qu’elle nation. Quand le gouvernement des USA emploie de tels termes au lieu du génocide, nous, Turcs, en sommes soulagés ! En somme, bien que la branche exécutive convienne profondément qu’il y a eu un génocide contre des Arméniens, elle refuse de l’appeler comme tel que parce que c’est « contreproductif. »
Ce qui est en jeu ici pour eux est encore l’intimidation des Turcs et la sauvegarde des intérêts des USA en Turquie et dans son voisinage. Les trois principaux sujets de la politique étrangère pour les USA dans notre région de nos jours —
l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan — exigent la coopération continue d’Ankara. Quant au congrès des USA, c’est une autre histoire. Même parmi les prétendus « amis » de la Turquie, y compris le groupe d’amitié USA-Turquie, il n’y a pas de doute que les événements de 1915 étaient équivalents d’un « génocide. »
Deux cents et vingt-cinq des 435 représentants ont publiquement approuvé la résolution arménienne. Encore la plupart de ceux qui n’ont pas encore soutenu publiquement la résolution croient qu’elle serait « contreproductive » pour indiquer ce qu’ils pensent. Il est facile d’examiner mon analyse. Dites-moi combien de représentants des
USA ont publiquement dit que jusqu’ici il n’y a aucune telle chose comme un génocide arménien. Vous vous en rappellerez à peine.
Les sénateurs ont généralement plus d’attitude d’homme d’Etat que les représentants ; donc la position du sénat tomberait légèrement entre la branche de l’exécutive et la Chambre. Maintenant que l’ADL a ouvert la boîte de Pandore de la part des groupes des puissants lobbys Juifs, la Turquie relève un plus grand défi. Quelque soit la personne à qui j’ai parlé à Washington dit que tôt ou tard une résolution sue le génocide Arménien passera. C’est simplement une question de synchronisation et de convenance.
Heureusement, les problèmes sérieux auxquelles les USA font face dans notre région ont rendu moins commode pour que les politiciens américains finalisent la résolution. Bien que les leaders du Congrès avec le parti démocratique semblent être plus enclins à avancer, il n’est pas complètement peu probable que les arguments « d’intérêt national » et « de sécurité nationale » régnent de nouveau. Les lobbys arméniens et leurs collaborateurs aux USA essayent avec difficulté de punir la Turquie avec cette résolution.
Franchement, je crois que le processus jusqu’ici a été une punition encore plus dure que les résultats finaux. La question consomme une considérable énergie et des ressources de la diplomatie turque qui pourrait être dépensées autrement en poursuivant des intérêts nationaux plus réels. Nous pourrions dépenser notre capital politique et celui de nos défenseurs sur d’autres questions. Je ne veux pas ressembler à un défaitiste mais comme un réaliste
sur des sujets de politique étrangère sur lesquels je pense qu’Ankara doit prendre une seconde considération si la question mérite ce niveau d’engagement.
Plus la Turquie semble être intimidée, plus les erreurs que nous faisons, plus la publicité que la thèse d’un génocide arménien obtient et plus nos adversaires internationaux deviennent heureux. Nous avons évidemment perdu le débat parmi les intellectuels des USA, sommes de plus en plus perdants parmi les O.N.G comme l’ADL — et il semble que tôt ou tard nous allons perdre la bataille au congrès des USA. Peut-être maintenant est-il
temps de préparer le public turc pour des résultats plus négatifs et pour réfléchir sur de meilleures stratégies plutôt que de se coller avec la même vieille tactique.
Traduction Nouvelles d’Armenie Magazine
