Il y aurait une vingtaine de litiges frontaliers avec Bakou selon Pachinian

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Dans une interview accordée le dimanche 27 décembre à la chaîne de télévision publique d’Arménie, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a tenté de répondre aux questions que se pose avec une inquiétude croissante la population arménienne concernant le nouveau tracé de la frontière avec l’Azerbaïdjan dessiné par la guerre et plus précisément la sécurité de la province méridionale du Siounik, qui se retrouve enclavée entre le Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan, dont le président Ilham Aliev a ouvertement, et à plus d’une reprise, affirmait qu’elle était une terre historiquement azérie. Aujourd’hui, il y a des différends concernant une vingtaine de terrains frontaliers, a ainsi déclaré N. Pachinian, qui avait dû renoncer la semaine dernière à effectuer une tournée dans cette province, dont les élus locaux et une partie de la population, indignés par les termes de l’accord de cessez-le-feu qu’il a signé le 9 novembre avec I.Aliev sous l’égide de la Russie et inquiets de ses incidences concrètes locales dont des provocations militaires azéries ont révélé l’ampleur au fil des jours, lui avaient barré l’accès. N. Pachinian a souligné dans son intervention télévisée que les actions menées ces jours derniers avaient permis d’empêcher une guerre dont la province de Siounik aurait été le théâtre. “Bien plus, aujourd’hui, le territoire de l’Arménie est organisé de telle sorte qu’en cas d’attaque contre la pronvince de Siounik, les forces armées de l’Arménie et de la Russie seront en mesure d’intervenir. Cela ne signifie pour autant pas qu’il n’y aura pas de querelles concernant une, deux ou une dizaine de maisons… actuellement, les litiges concernent un peu plus de 20 terrains », a déclaré le premier ministre arménien dans le souci évident de minimiser le contentieux terriorial avec Bakou et de rassurer par là-même les habitants de la province arménienne. Une video circulant sur les réseaux sociaux au même moment montrait justement un habitant arménien de la région brûlant avant de la quitter sa maison qui avait été rejetée du côté azéri de la frontière. N.Pachinian a ajouté qu’il y avait aussi des litiges concernant les axes routiers arméniens maillant le Siounik dont certains se retrouvent ainsi en partie sous l’autorité de Bakou. « L’Arménie fait valoir toutefois qu’il doit y avoir une garantie pour que ces axes routiers soient opérationnels. Il y a différentes options pour régler ces différends. Le fait est que le territoire de l’ Arménie a été et reste intact”, a conclu N.Pachinian, dont il n’est pas sûr qu’il aura été capable de rassurer la population de l’Arménie et plus précisément de ces régions méridionales. D’autant qu’au même moment, un responsable azéri en charge des « droits de l’homme et de la démocratie », proférait des menaces à peine voilées d’une nouvelle guerre contre l’Arménie visant à « sécuriser » la frontière de l’Azerbaïdjan avec le Siounik. Une « sécurité » dont l’Arménie devrait forcément payer le prix, en concédant une zone d’une trentaine de km de large dans la province du Siounik. Quand on sait que la province arménienne se réduit par endroits à une bande d’une quarantaine de km entre le Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan, ces menaces azéries ont de quoi inquiéter l’Arménie : elles renvoient l’écho des diatribes panturquistes du président Aliev, qui revendiquait avec une insistance accrue ces dernières années les droits de propriété de l’Azerbaidjan sur la province du Siounik, « obstacle » arménien contrariant encore et toujours les rêves d’une continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Faute de pouvoir faire main basse sur le Siounik, ou Zanguezour, l’Azerbaïdjan doit se contenter du corridor reliant les territoires azéris sous contrôle arménien jusqu’au 9 novembre au Nakhitchevan, aménagé le long du fleuve Araxe marquant la frontière arméno-iranienne, à l’extrême sud de l’Arménie. Bakou en a obtenu l’usage selon les termes de l’accord russo-arméno-azéri, en échange du corridor de Latchine, reliant Goris, dans le Siounik, à ce qui reste du Haut-Karabagh. Le corridor reliant les deux entités azéries, qui avait été condamné par Erevan en raison du blocus qu’a imposé l’Azerbaïdjan, et en solidarité avec lui, la Turquie, à l’ensemble du territoire arménien, franchira donc le territoire arménien au niveau de la localité de Meghri alors que le blocus aszéro-turc imposé à l’Arménie est toujours en vigueur. A ce propos, N.Pachinian s’est aussi voulu rassurant en attirant l’attention de l’opinion arménienne sur le fait qu’il n’y avait aucune mention au sujet de la province du Siounik, de Meghri ou de quelque corridor dans la déclaration de cessez-le-feu, qui renfermait en revanche une exigence de déblocage des axes de transport routiers. En réponse à une question relative à l’existence de lignes rouges pour l’Arménie, N.Pachinian a indiqué que la seule ligne rouge était l’intégrité territoriale de l’Arménie. “Hier, par exemple, la passe du « Haut-Lars » [col du grand Caucase entre la Russie et la Géorgie par où transite une bonne partie des biens et des personnes] avait été fermée pour tous types de camions. Ainsi, s’il apparaît que l‘Arménie peut avoir des communications ferroviaires avec la Russie et l’Iran, ce sera bon ou mauvais pour l’Arménie? Si les Arméniens pouvaient se rendre en Iran par le Nakhitchivan, comment pourrait-on comprendre que les Arméniens puissent se rendre en Russie via le territoire du Nakhitchevan, et que les Azerbaïdjanais ne puissent se rendre au Nakhitchevan via le territoire de l’ Arménie?”, a poursuivi N. Pachinian, dans une nouvelle tentative de justifier la création du corridor de Meghri reliant le Nakhichevan au reste de l’Azerbaïdjan. Une vision à long terme, et qui exige une paix durable dans la région, faute de quoi les Azéris garderont l’usage exclusif de ce corridor, sans permettre aux Arméniens de l’emprunter pour se rendre en Russie ou en Iran via le Nakhitchevan. N.Pachinian a d’ailleurs précisé que le contrôle des routes était un sujet qui avait été renvoyé à des discussions ultérieures, comme d’autres questions qui demandent à être réglées et dont il s’est dit convaincu qu’elles seront réglées.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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