Interview de l’historien Onnik Jamgocyan, auteur de l’ouvrage « L’Eveil de l’Arménie » préfacé par le Professeur Gérard Dédéyan

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Le livre « L’Eveil de l’Arménie » d’Onnik Jamgocyan vient de paraître aux Editions du Bosphore », l’occasion d’interviewer son auteur, un historien spécialiste de l’histoire des Arméniens de l’Empire ottoman qui évoque également dans son livre l’historique de la population arménienne de Chouchi, de la présence arménienne à Constantinople, Paris, Venise, l’édition des premiers journaux arméniens et le mouvement de renaissance de la nation arménienne au milieu du 19e siècle.

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Krikor Amirzayan : Onnik Jamgocyan, votre dernier ouvrage attire l’attention. De par la qualité de la recherche, mais également par la Préface du Professeur Gérard Dédéyan, particulièrement élogieux. Les dernières lignes de celui qui est l’un des plus grands historiens arméniens en vie retiennent mon attention. Que veut dire Gérard Dédéyan lorsqu’il écrit :
« Les descendants des Arméniens occidentaux récupèrent ainsi, grâce à ce livre passionnant, rédigé par un historien confirmé, une histoire du 19e siècle arménien qui leur restitue la dernière strate de leur socle identitaire, masquée en raison de diverses circonstances, et appelée à éclairer leur cheminement présent et à venir » ?

Onnik Jamgocyan : Merci d’avoir relevé ce point. Le préfacier ne se contente pas ici – comme c’est souvent le cas – de relever les sujets traités par mon livre et de faire quelques compliments d’usage. Il va plus loin. Il comprend que j’apporte du neuf, et qu’il ne s’agit pas d’un livre basé sur des publications antérieures. Il remarque l’importance de ma recherche historique. Gérard Dédéyan note que l’Eveil de l’Arménie restitue à notre peuple son histoire d’avant le génocide de 1915, qu’il appelle « la dernière strate de leur socle identitaire, masquée en raison de diverses circonstances ». Car, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’histoire des Arméniens de l’Empire ottoman, celle des ancêtres de la quasi-totalité des Arméniens de la diaspora des années 1920-1980, restait inachevée. Nos historiens, les uns perdus dans leur antisoviétisme primaire, les autres, impliqués dans les travaux sur l’histoire du génocide de 1915, ont évité de parler de Constantinople, le cœur de l’Arménie. Pourtant c’est à Constantinople que se jouait et se décidait la vie arménienne des 18è et 19è siècles, et c’est là que s’était transférée l’Arménie, politiquement parlant. Cette histoire, probablement la plus importante de notre peuple, s’agissant d’une époque glorieuse dans les domaines de la culture et de l’économie, a été réhabilitée par Sirouni, publiée en 4 volumes par le catholicosat de Cilicie. Depuis ma thèse soutenue en Sorbonne en 1988, je me suis donné aussi comme but de la faire connaître par quatre ouvrages publiés entre 2013-2018. L’Eveil de l’Arménie, la présente publication, est le premier titre d’une Collection Histoire et Civilisations publiée aux Editions du Bosphore que je dirige, et d’autres titres suivront dans le temps.

Krikor Amirzayan : votre livre traite du projet d’un royaume arménien, porté par Léon de Korikosz et l’Archevêque Khorène Narbey. On apprend également le rôle de Léon de Korikosz comme étant le premier à porter devant les Grandes Puissances ce qu’on appellera La Question Arménienne. Vous écrivez que Napoléon III soutenait le projet d’un royaume arménien.

Onnik Jamgocyan : Le projet d’un royaume arménien, porté à la fin du 17è siècle par Israël Ori, est repris u 19è siècle. En premier par Léon de Korikosz, prince de Lusignan, défenseur des Arméniens de Zéïtoun dans les années 1860-1865. Ce prince, proche de Napoléon III pour l’avoir servi à la bataille de Solférino en 1859, avertit tous les Cabinets des Grandes Puissances et provoque l’intervention de la France de Napoléon III. C’est essentiellement suite à ses requêtes que Léonel de Moustier, ambassadeur de France à Constantinople, obtient le cessez le feu à Zéïtoun. Les princes arméniens de Zéïtoun sont faits prisonniers, emmenés à Constantinople sous protection française, mis en prison d’où ils seront libérés peu après.

lionel_de_moustier.jpgLéonel de Moustier,
ambassadeur de France à Constantinople sous Napoléon III.
L’homme peut – être désormais considéré comme un « Juste », lorsqu’on voit l’impuissance des puissances occidentales lors de la dernière guerre du Karabagh de 2020, nos milliers de morts et la perte de Chouchi, ville arménienne par excellence, appelée autrefois La Perle du Karabagh.
Paris joue un rôle central dans le projet d’un royaume arménien. C’est là, en 1860 que sont publiés les armoiries d’un royaume arménien – différentes de celle de Constantinople de 1825 – et c’est là aussi qu’est publiée en 1861 la lithographie L’Arménie sur ses ruines, dessinée par le Français Frédéric Sorrieu, plus connue sous le nom Mayr Hayasdan.
Ce projet, pourtant bien avancé, sera abandonné avec la chute de Napoléon III au lendemain de la bataille de Sedan du septembre 1870, et ne sera aucunement défendue par les politiciens de la IIIè République, hostiles à toute idée d’une monarchie arménienne.
leon_de_lusignan.jpgLéon de Korikosz, prince de Lusignan
(Collection Guillaume Aral)
armoiries_royaume_armenie.jpgArmoiries du royaume arménien, publiée à Paris en 1860 par Djanig Aramian.
l_armenie_sur_les_ruines_de_frederic_sorrieu_1861.jpgL’Arménie sur les ruines, lithographie de Frédéric Sorrieu, Paris 1861.
Plus connue sous le nom Mayr Hayasdan

A suivre…

-« L’Eveil de l’Arménie » d’Onnik Jamgocyan aux Editions du Bosphore, livre préfacé par le professeur Gérard Dédéyan (332 pages, 30 euros + 7 euros frais d’envoi). Tél. 06 45 92 32 04 mail: jamgocyan.onnik@orange.fr.

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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