Après plusieurs mois d’âpres marchandages entre représentants des communautés kurde et arabe, le parlement irakien a finalement adopté mercredi à l’unanimité la loi organique sur les élections provinciales. Dans la foulée, les députés ont demandé au gouvernement du chiite Nouri al Maliki d’organiser d’ici au 31 janvier 2009 ce scrutin politiquement crucial initialement prévu le 1er octobre mais différé en raison de désaccords persistants sur la question de Kirkouk. Considérée par les Kurdes comme leur capitale historique, la grande cité pétrolière du Nord est aussi peuplée d’Arabes et de Turkmènes.
Malgré des concessions de toutes les parties, les députés n’ont pas réussi à s’entendre sur cette question, qui a été renvoyée à une loi séparée ultérieure.
Le texte sur les élections provinciales va maintenant être soumis au conseil présidentiel dirigé par le chef de l’Etat, le Kurde Djalal Talabani, qui avait opposé son veto à une loi antérieure prévoyant un partage égal des sièges à Kirkouk, où les Kurdes se jugent majoritaires. « Si la présidence approuve la loi, nous aurons besoin de 140 à 150 jours pour achever tous les préparatifs pour la tenue des élections », a précisé à Reuters le président de la commission électorale, Faradj al Haïdari.
LE REPRESENTANT DE L’ONU SATISFAIT
Ces élections provinciales constitueront un test pour la démocratie irakienne et la réconciliation nationale, notamment entre les chiites et les sunnites, qui avaient boycotté celles de 2005, mais elles pourraient aussi attiser les tensions dans le Sud, où les factions chiites se livrent à une âpre lutte de pouvoir. Staffan de Mistura, représentant spécial de l’Onu en Irak, s’est félicité de « cette journée importante » en soulignant que « le peuple irakien a maintenant l’occasion d’exprimer sa propre opinion et son propre vote au sujet de ses futurs dirigeants au niveau provincial ». Lors d’une conférence de presse conjointe avec les chefs de groupes parlementaires, il a félicité ceux-ci d’avoir su aboutir à un compromis sur Kirkouk, que les Kurdes souhaitent rattacher à leur Kurdistan autonome mais que les Arabes veulent maintenir sous le contrôle du pouvoir central. Par rapport à la législation en vigueur lors des élections de 2005, qui se déroulaient au scrutin de liste, ne laissant aux électeurs que le choix du parti, la loi autorise le panachage, qui leur permet de sélectionner les personnalités qu’ils veulent voir siéger aux conseil provinciaux. Le projet soumis au parlement interdisait par ailleurs aux partis dotés de milices armées de se présenter aux suffrages des électeurs, une disposition qui visait entre autres l’Armée du Mehdi de l’imam radical Moktada Sadr, mais on ignore encore si les députés ont maintenu cette disposition dans le texte adopté.