Le président Jalal Talabani a vivement rejeté dimanche le rapport Baker-Hamilton, estimant qu’il « portait atteinte à la souveraineté de l’Irak », où 28 personnes ont été tuées dans des violences.
Par ailleurs, le secrétaire à la Défense démissionnaire Donald Rumsfeld, principal artisan de la politique américaine en Irak, très critiquée par le rapport Baker-Hamilton rendu public le 6 décembre, a effectué une visite surprise et confidentielle samedi dans le pays.
« Le rapport Hamilton-Baker est injuste. Il contient des articles dangereux qui portent atteinte à la souveraineté de l’Irak et à sa Constitution. Je le rejette dans son ensemble », a affirmé sans ambages le président irakien, qui recevait des journalistes dans sa résidence à Bagdad.
Le président irakien, un Kurde, s’est montré particulièrement hostile à plusieurs points-clés du rapport du Groupe d’étude sur l’Irak, co-dirigé par l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker et l’ancien représentant Lee Hamilton.
Il a ainsi dénoncé la volonté d’impliquer les anciens Baasistes dans le processus politique en Irak, qui « s’inscrit contre la longue lutte que le peuple irakien a menée contre la dictature » et l’augmentation du nombre de conseillers américains intégrés dans les unités irakiennes.
M. Talabani a également critiqué la recommandation, contenue dans le rapport, d’une menace d’un retrait de l’aide américaine en cas de manque de progrès. « Cela revient à traiter l’Irak comme une jeune colonie à qui on peut imposer des conditions, en niant le fait que nous sommes un pays souverain et respecté », a-t-il jugé.
Sur le terrain, les violences se sont poursuivies, en particulier à Bagdad, où neuf chiites appartenant à deux familles différentes ont été abattus par des hommes armés.
« Des hommes armés se sont introduits dans une maison du quartier de Jihad (ouest de Bagdad). Ils ont séparé les hommes des femmes et tués cinq frères, dont l’un était policier », a indiqué une source des services de sécurité.
« Ils ont ensuite pénétré dans une maison voisine où ils ont abattu un père de famille et ses trois fils », a ajouté cette source.
Dix-neuf autres Irakiens, dont un professeur d’université et un étudiant à Ramadi, ont été tués dans ces violences tandis que les corps de 17 personnes assassinées, dont trois étaient décapités, ont été découverts à Bagdad.
Donald Rumsfeld, 74 ans, qui a démissionné en novembre, après la défaite du parti républicain du président George W. Bush aux élections parlementaires et sera officiellement remplacé le 18 décembre par Robert Gates, ancien patron de la CIA, a rendu visite samedi aux soldats américains en Irak.
« Je quitte mes fonctions avec la conviction que la vraie force de l’armée des Etats-Unis ne se trouve pas à Washington, ni au Pentagone, ni dans nos armes. Elle est dans le coeur des hommes et des femmes qui servent: c’est votre patriotisme, votre professionnalisme et votre détermination », a déclaré M. Rumsfeld devant 1.200 soldats et Marines, dans la base aérienne d’al-Assad, dans la province d’Anbar (ouest), dans des propos rapportés sur le site internet du Pentagone.
« Nous devons avoir de la patience pour voir notre tâche menée à bien. Les conséquences de l’échec sont inacceptables », a affirmé M. Rumsfeld.
D’autre part, le directeur et l’adjoint de la prison de Badouche, près de Mossoul (nord), d’où un neveu de l’ancien président irakien Saddam Hussein, Ayman Sabaoui Ibrahim al-Hassan, s’est évadé samedi, ont été arrêtés dimanche.
Enfin, le conseil de la province irakienne de Wassit, au sud de Bagdad, a décidé dimanche de cesser de travailler avec les Américains, pour dénoncer l’arrestation samedi d’un responsable du mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr.
