Depuis plus d’un siècle, le 24 avril de chaque année, les Arméniens du monde entier, qui défendent la vérité et la justice, honorent les victimes du premier génocide du XXe siècle. Quelque 1,5 million d’Arméniens ont été massacrés et des centaines de milliers, voire des millions, ont été expulsés de leurs terres par l’occupation impitoyable des Ottomans.
Les Arméniens et tous ceux qui veulent que la justice règne dans le monde entier continuent d’encourager toutes les nations et tous les États à reconnaître ce génocide. Ils sont déterminés à prévenir des crimes aussi effroyables qui menacent toujours l’humanité, en particulier dans le monde arabe, par les mêmes auteurs impitoyables: les dirigeants de la Turquie.
Les martyrs arméniens ont sacrifié leur vie pour préserver l’identité, la culture et la foi de leur peuple. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les Arméniens ont eu la possibilité de jouir d’une véritable indépendance, d’adopter la démocratie, de renforcer les droits de l’homme et de créer et de consolider des ponts entre la patrie et la diaspora.
Mais dans un ordre mondial qui favorise la mondialisation et la diversité, la question cruciale est de savoir comment les Arméniens peuvent faire face à cet ordre mondial tout en restant fidèles à la mémoire de leurs martyrs, et non seulement en préservant leur identité, mais en la consolidant. Tout en restant des citoyens du monde respectant les valeurs et les droits de l’homme internationaux, les Arméniens doivent s’engager à ne pas trahir le sacrifice de leurs martyrs et à rester fidèles à leur mémoire.
Enseigner et apprendre l’histoire, la langue et la foi, tout en pratiquant les deux dernières, contribue à la réalisation de cet engagement. Il en va de même pour la construction de liens solides avec la diaspora arménienne, à qui il faut donner la possibilité d’investir dans la mère patrie et de s’y installer.
Nous, les Arméniens, nous souvenons non seulement de nos martyrs, mais également de toutes les nations qui ont offert un refuge aux survivants du génocide, à commencer par mon pays, la Jordanie, dont le peuple et les dirigeants faisaient preuve d’une immense générosité et d’un grand sens de la coexistence.
Mais la Jordanie, à l’instar de nombreux États arabes et de puissances mondiales telles que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, n’a toujours pas reconnu officiellement le génocide arménien, alors même que la nation arménienne continue de contribuer pacifiquement à la construction des civilisations dans le monde.
Nous nous engageons à rester fidèles à la mémoire de nos martyrs en édifiant une nation et un État arméniens forts, démocratiques, épris de paix et pacifiques. Nous nous engageons à préserver le souvenir du génocide et à rappeler au monde que les descendants de ses auteurs ottomans continuent d’occuper des terres, de vandaliser le patrimoine culturel, de massacrer des personnes, de soutenir et d’exporter l’extrémisme et le terrorisme, menaçant ainsi la paix, la sécurité et la stabilité dans le monde.
• Madeleine Mezagopian est chercheuse universitaire, conseillère et analyste spécialisée dans la résolution de conflits. Elle est membre actif de l’Assemblée générale de la société Al-Hussein / du Centre jordanien pour la formation et l’inclusion.
