Karine Arabian et les Arméniens

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Le musée de la mode de Marseille accueille « Karine Arabian et les Arméniens de la mode XVIIe-XXIe siècle »

Dans le cadre de l’année de l’Arménie, le musée de la Mode retrace l’histoire des savoir-faire Arméniens dans les métiers de la mode. Cette rétrospective, qui se tient jusqu’au 30 septembre, prend appui sur le récit de l’établissement, à Marseille, des grandes familles de l’Ancien Régime dirigeant le commerce portuaire de la soie au XVIIe siècle.

Le goût du travail, la maîtrise des techniques et du commerce, l’organisation solidaire d’une production originale qui caractérisent l’apport des Arméniens dans la création de mode en France des années 1930 à nos jours, sont racontés à travers l’existence des artisans tailleurs, cordonniers, bijoutiers arrivés à Marseille à partir de 1922.

Karine Arabian, créatrice de mode de la troisième génération de la diaspora, fait l’objet de la première rétrospective consacrée à sa création de 1993 à 2007. Elle présente pour la première fois sa collection d’accessoires haute couture essentiellement réalisée en Arménie, à partir de matériaux arméniens (bois, pierres précieuses et semi précieuses…).

Un hommage inédit à Sergueï Paradjanov costumier ponctue ce parcours, témoignage artistique exprimant la dimension magique des matériaux et des traditions.

350 oeuvres et documents

Pour la période ancienne XVIIe-XIXe siècle:

– Des textiles et vêtements : soieries perses, indiennes provençales,

– Des gravures et dessins (Marseille, Ispahan, Smyrne, Livourne, portraits).

Pour la période 1922-1990:

– Des photographies et documents d’archives retraçant l’histoire des Arméniens arrivés à Marseille entre 1922 et 1929,

– Des objets et documents retraçant les savoir-faire et les métiers de la mode de la communauté arménienne de France datant des années 1920 à 1990,

– Des objets et documents retraçant l’histoire des entreprises : Sarkis Der Balian, Le Coq d’or, K. Jacques Saint-Tropez, Jimmy chaussures, Stephane Kélian, Alain Manoukian, Alain Mikli…,

– Sergueï Paradjanov : dessins, collages, chapeaux, costumes et extraits de films.

Pour la période contemporaine:

– 180 pièces retraçant la carrière de Karine Arabian (1993-2007) dont les pièces uniques réalisées avec les artisans arméniens depuis 2003 et des pièces inédites réalisées spécialement pour l’exposition en 2007,

– Une silhouette masculine réalisée par Véronique Nichanian pour Hermès,

– Le carré «Jardin d’Arménie» d’Hermès créé par Karen Petrossian,

– Une installation olfactive réalisée par Francis Kurkdjian.

Karine Arabian

Petite-fille d’un bottier, fille d’un tailleur, Karine Arabian étudie à Esmod puis au Studio Berçot. Lauréate du concours d’Hyères en 1993, ses premiers bijoux séduisent Swarovski. Elle s’occupe ensuite de la création et de la production d’accessoires pour la maison Chanel. En 2000, elle lance sa marque d’accessoires et crée une ligne de chaussures, de sacs et de bijoux. Sa signature : le cuir, les alliances improbables, les asymétries de formes, de matières, de couleurs.

Loin des quartiers traditionnels de la mode, Karine Arabian accueille sa clientèle dans le IXe arrondissement parisien. Sa boutique prolonge l’atelier où elle reçoit les fournisseurs, traite avec son cousin gérant de la société, fait porter chaussures et sacs par la famille et les amies en charge de les essayer. Juste à côté, son appartement. Voilà qui redonne un sens au mot «maison» appliqué à la mode.

D’avoir trouvé sa légitimité de femme créatrice dans la fidélité à la structure familiale traditionnelle de production aurait pu conduire Karine Arabian au repli sur soi, au secret. Au contraire ! Chez elle, vous êtes vite «en parenté» ; elle est chaleureuse, sensible, ouverte.

Elle sourit à votre désir de lui donner la vedette pour une exposition dans le cadre de l’Année de l’Arménie et accepte de parcourir son univers et ses influences. Elle s’implique dans le projet en proposant ses habituels complices, Karim Zehouane et Serge Derossi, pour la direction artistique. Elle vous invite à la rejoindre, en Arménie, à Erevan, pour un défilé, magnifique défi réussi dans un pays où la mode contemporaine et ses métiers sont encore en gestation. Elle vous fait découvrir la montagne, les monastères, les richesses d’un artisanat séculaire, la fête. Karine Arabian semble créer pour le plaisir de partager. L’exposition du musée de la Mode veut lui rendre cet accueil, en jetant un pont entre les deux pays, entre la France et l’Arménie, entre Marseille et Erevan.

Sylvie Richoux, Conservateur du musée de la Mode de Marseille(texte extrait du catalogue de l’exposition).

Sergueï Paradjanov

Sergueï Paradjanov est connu pour ses films Les Chevaux de feu (1964) et Sayat Nova (Couleur de Grenade, 1969) et pour son opposition au régime soviétique qui lui a valu plusieurs années de prison et de travaux forcés.

Son oeuvre est aussi composée de dessins, de collages, d’objets-autels, d’ombrelles, de poupées, de personnages-totems, de chapeaux, de costumes, constitués de collages, de laines teintes, de dentelles, d’émaux, de parchemins, de fleurs, de grenades, de coquillages d’une inventivité plastique. Elle dévoile la richesse symbolique de son univers, à la croisée des cultures orientale et chrétienne dans la lignée des icônes, des fresques et des miniatures.

Artiste vénéré par Karine Arabian, une salle d’exposition est consacrée à la présentation de ses créations de costumes, prêt exceptionnel du musée Paradjanov d’Erevan.

Le musée de la Mode de Marseille

Créé en 1989, il est installé sur la Canebière depuis 1993. Etablissement municipal, il conserve une collection de plus de 6.000 vêtements et accessoires des années 1940 à nos jours, représentant un panorama de la mode occidentale féminine et masculine.

La constitution de ce patrimoine est issue de dons de particuliers, de couturiers, de maisons de couture et de créateurs ainsi que du dépôt de la collection de l’Institut Mode Méditerranée (900 pièces). Chaque année, des acquisitions sont faites par la Ville de Marseille pour enrichir cet ensemble.

En raison de la fragilité des oeuvres textiles, il n’y a pas d’exposition permanente. La collection est présentée en alternance, à l’occasion d’expositions temporaires, au gré des saisons.

Le Centre de documentation du musée rassemble un fonds spécialisé dans l’histoire et la sociologie de la Mode composé de 3 500 livres, 1 600 cassettes vidéo, 2 400 dossiers de presse, 1 600 dossiers thématiques et des journaux de mode toutes époques confondues. Consultation sur place et sur rendez-vous.

La collection

Le fonds le plus prestigieux est celui de Chanel : une centaine de pièces, dont certaines appartenaient à Coco Chanel elle-même. Il est complété par des modèles de haute couture de Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli, Pierre Balmain, Balenciaga, Carven, Guy Laroche, Givenchy, Grès, Jacques Fath, Jean Patou, Yves Saint Laurent, Paco Rabanne, Jean Paul Gaultier…

La collection balnéaire regroupe de rares modèles : robes de plage Hermès ou Anny Blatt, pyjama de plage de Jean Patou, maillots de bain Dior, Sonia Rykiel ou Christian Lacroix ainsi qu’un ensemble de prêt-à-porter griffé Tiktiner et Souleïado.

La création des années 1980-1990 est représentée par Azzedine Alaïa, Jean-Rémy Daumas, Chantal Thomass, Popy Moreni, Elizabeth de Senneville, Franck Sorbier, Jean-Charles de Castelbajac, Bernard Perris, Ines de la Fressange…

Les vêtements illustrant la mode contemporaine sont signés : Yohji Yamamoto, Comme des Garçons, Issey Miyake, Martin Margiela, Véronique Leroy, Balenciaga par Nicolas Ghesquière, Isabelle Ballu, Eric Bergère, Karl Lagerfeld, Daniel Jasiak, Corinne Cobson, Fred Sathal…

Musée, mode d’emploi

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Author: raffi

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