Chers membres de l’Assemblée des délégués diocésains,
Révérends Pères,
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
À l’issue de la séance du 24 mai 2018 du Conseil diocésain, son président, Patrice Djololian, a
démissionné. Sa lettre de démission vous a été communiquée le 27 par Jacques Déyirmendjian,
président exécutif de notre Assemblée : cette lettre vous annonçait également ma propre démission.
Celle-ci aurait pu reposer sur les mêmes raisons que celles qui ont motivé Patrice Djololian ; ces
raisons tiennent, me semble-t-il, dans la difficulté grandissante de voir une collaboration
encourageante et franche s’établir au sein du diocèse entre le Conseil et notre Primat. Elles
m’engagent, en tout état de cause, à être solidaire du président.
À cela, toutefois, s’ajoute une circonstance aussi déplorable que révoltante. Mgr Vahan
Hovhannessian, au cours de la messe du 24 avril à Paris m’a refusé publiquement la communion
au motif que j’aurais déclaré devant l’assemblée paroissiale du 8 avril « qu’il était un menteur ». Audelà
du fait que je n’ai évidemment pas été l’auteur d’une telle déclaration, et les témoins ne
manquent pas pour le confirmer, ce comportement inouï dénote en réalité l’incapacité du Primat à
s’accommoder chez autrui d’opinions divergentes ou qu’il suppose telles, en dépit de toute la
réserve que le respect de sa fonction a pu imposer jusqu’à présent à ses interlocuteurs.
Peut-être Mgr Vahan Hovhannessian ne sait-il pas que j’étais de ceux qui, dans les années qui ont
précédé le cinquantenaire du génocide, ont milité pour que l’église où il officie soit ouverte le 24
avril aux fidèles et la mémoire des morts célébrée. Comme certains autres, et à l’exemple de mes
grands-parents et parents, je n’ai jamais eu dans l’existence d’autre ambition que de servir notre
peuple et ses institutions.
Peut-être feint-il d’ignorer qu’avec bien des amis dévoués et les innombrables volontaires de Terre
et Culture, qu’avec bien des gens de valeur, j’ai contribué depuis quarante ans à faire connaître le
pays arménien, à aller à la rencontre de nos communautés, à restaurer monastères, églises et autres
monuments du patrimoine, de Saint-Thaddée où la prémonition nous a conduit dans les années
1970, jusqu’à Kessab, et aujourd’hui en République d’Arménie ; que je milite, avec ceux qui ne
veulent pas renoncer, pour la réparation.
J’ai même connu pour tout cela la prison en Turquie. Ce n’est pas pour subir les affronts, au sein
de la communauté où je suis né, d’un prélat moins préoccupé de la servir que de la conduire selon
son vouloir, dans l’indifférence à ses propres manquements.
Peut-être ne comprend-il pas qu’en poussant son amour-propre à déshonorer les autres, il se
déshonore lui-même, portant inévitablement atteinte à la confiance de ceux qui l’ont élu.
Veuillez accepter, révérends Pères et chers amis, mes très sincères salutations.
Kéram Kévonian