Bouclant une visite de deux jours à Téhéran, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a expliqué dimanche 3 septembre 2006 que Mahmoud Ahmadinejad, bien que favorable à des négociations sur le nucléaire, refusait toujours de suspendre l’enrichissement d’uranium au préalable. Plus conciliant en apparence sur le dossier libanais, le président a en revanche apporté son soutien à l’application de la résolution 1701.
« Le président m’a réaffirmé la volonté et la disponibilité de l’Iran pour des négociations » afin de régler la querelle du nucléaire, a déclaré Kofi Annan au cours d’une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie Manouchehr Mottaki.
Il a « réaffirmé qu’il n’acceptait pas la suspension (du programme d’enrichissement de l’uranium, NDLR) avant les négociations, mais ils sont prêts à négocier », a ajouté le patron de l’ONU. C’est pourtant là la condition posée par la communauté internationale, dont le rejet place Téhéran face à la menace de sanctions.
Mais Téhéran a laissé entendre samedi que sa coopération avec l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) serait remise en cause en cas de sanctions, le régime n’excluant pas d’interdire l’accès de ses sites aux inspecteurs de l’AIEA.
Et de toutes manières, l’adoption rapide de mesures punitives contre Téhéran semble peu probable. Dans les colonnes du quotidien français « Le Monde », avant son arrivée à Téhéran, Kofi Annan disait ne pas croire à cette solution et prônait la « patience ». Les Vingt-Cinq également ont réaffirmé leur volonté de privilégier le dialogue et la diplomatie, alors que Moscou et Pékin, deux des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ne font pas mystère de leur opposition à des sanctions sévères.
Kofi Annan n’a donc semble-t-il pas percé la cuirasse Ahmadinejad, et passe la main à l’Europe: le patron de la diplomatie européenne Javier Solana doit rencontrer en début de semaine le négociateur iranien du dossier nucléaire, Ali Larijani.
Intransigeant sur le dossier nucléaire, le président iranien s’est en revanche montré plus coopératif sur la question libanaise: Ahmadinejad a « réaffirmé le soutien de son pays à la mise en oeuvre de la résolution 1701 », a déclaré Kofi Annan.
Le secrétaire général n’a cependant fourni aucune indication ou précision sur la teneur de ses entretiens avec le chef de l’Etat iranien, qui n’a pas assisté à la conférence de presse de fin de visite.
La veille également, le chef de la diplomatie de Téhéran avait promis, sans faire aucunement mention du Hezbollah ni de la question de son désarmement, le soutien de l’Iran à la résolution.
En tournée pendant plus de dix jours au Moyen-Orient, Kofi Annan s’est déjà rendu au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens, et en Syrie. Il doit également passer par le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Turquie.
La visite de Kofi Annan à Téhéran a en outre été marquée par le malaise d’une passe d’armes sur l’Holocauste et le révisionnisme que le gouvernement iranien affiche de plus en plus comme idéologie officielle.
Samedi, le secrétaire général avait exprimé son inquiétude quant à l’exposition en cours à Téhéran de dessins sur l’Holocauste, organisée par le régime en riposte aux caricatures du Prophète: « Nous devrions éviter tout ce qui incite à la haine », a-t-il lancé.
Du coup, comme une nouvelle provocation, le porte-parole de la diplomatie iranienne Hamid Reza Asefi a réaffirmé dimanche la volonté de Téhéran d’organiser à l’automne une conférence très controversée sur l’Holocauste… « La tragédie de l’Holocauste est un fait historique indéniable », a donc une nouvelle fois mis au point Kofi Annan.
