Krikor Amirzayan, caricaturiste de la presse arménienne dont « Nouvelles d’Arménie Magazine » était du 9 au 11 juin invité à la grande manifestation « Dessins pour la Paix » et « Libérons les crayons » qui s’est déroulée à Bastia.
25 dessinateurs de la presse internationale représentant la France, mais également la Turquie, Israël, la Palestine, la Belgique, les Etats-Unis, la Palestine, l’Italie, le Liban, le Canada, l’Arménie -que représentait Krikor Amirzayan- exposèrent leurs uvres au Palais des Gouverneurs de Bastia. De nombreux débats autour de thème de la « Liberté de la presse » dans les pays concernés ainsi que « le regard des caricaturistes sur la paix dans le monde » se déroulèrent lors de ces journées.
L’initiateur de « Dessins pour la paix » n’est autre que Plantu, le dessinateur du « Le Monde » qui fonda en 2006 « Cartooning for peace » (Dessins pour la Paix). L’opération en Corse étant relayée par Dominique de Martini qui a invité Krikor Amirzayan à exposer et débattre avec les plus grands caricaturistes de la presse internationale tels que Plantu, mais également Al, Ana (Argentine), Batti, Broutch, Cagle (USA), Cagnat, Delambre, Dilem (Algérie), Federzoni, Fich, Jean-François Gandon, Gaspard, Iturria, Isel (Turquie), Khalil (Palestine), Kichka (Israël), Kroll (Belgique), Lacombe, Mattei, Nino, Pétillon, Rousso et Solange Rossi.
Krikor Amirzayan a également accordé quelques interviews aux médias présents en grand nombre. Lors d’une de ces interventions devant les caméras de la télévision, K. Amirzayan était face au caricaturiste Turc Isel. La question du génocide arménien, la diplomatie du football et le blocus imposé à l’Arménie par la Turquie fut au cur du débat. Néanmoins face au terme « génocide » lancé par Krikor Amirzayan, Isel dit « moi, je ne parle pas de génocide, c’est vous qui le dites (…) laissons les historiens faire ce travail pour qualifier ce qu’il y a eu. Quant aux protocoles pour la Paix signé à Zurich, l’Arménie occupe l’Azerbaïdjan et le blocus frontalier imposé par la Turquie en est la conséquence ».
Krikor Amirzayan réagissait aussitôt en affirmant « je cois entendre en vous les versions officielles de la diplomatie turque. Vous utilisez les mêmes arguments qu’Ankara. Je pensais que le caricaturiste de presse que vous êtes aurait affirmé des vérités…d’autant plus que nous sommes ici pour libérer les crayons et la parole ! Le génocide arménien est un génocide, qualifié comme tel par les historiens internationaux et de nombreux pays. Et même si la Turquie refuse pour l’heure cette qualification, le génocide est établi. Il est inutile de revenir sur ce terme. Quant à ce que vous appelez l’occupation arménienne des terres azéries, ces terres sont arméniennes depuis la nuit des temps et elles n’étaient azéries que par la volonté de Staline durant la période soviétique. Maintenant elles sont redevenues arméniennes ».
Plantu modéra le débat, mais visiblement, les versions arméniennes et turques différaient…Krikor Amirzayan lança pour conclure « tout ce que je dis, je peux le dire car je vis dans un pays où le génocide arménien est reconnu et que la parole est libre. En Turquie, le tabou arménien, notamment en matière de génocide persiste. Aujourd’hui c’est un nouveau constat de cet état de choses… ».
Krikor Amirzayan a tenu à ajouter que « malgré ces divergences de vues avec mon homologue turc, nous avons trouvé de nombreux autres sujets communs. Durant ces quatre journées passées en compagnie de Plantu et des dizaines de mes collègues caricaturistes de la presse internationale, nous avons renforcé nos liens sur de nombreux thèmes liés à la liberté de la presse et à la Paix dans le monde…même s’il reste encore des sujets sur lesquels les opinions diffèrent ! ».
Au terme de son séjour corse, Krikor Amirzayan fut sollicité pour entrer dans une association mondiale qui réunit les caricaturistes de la presse internationale.
L’exposition temporaire de « Libérons nos crayons » qui a débuté le 9 juin se tiendra jusqu’au 29 août au Musée de Bastia. Après New-York, Ramallah, Jérusalem, Bogota et Marseille, Bastia accueille ainsi l’opération « Libérons les crayons » (Cartooning for Peace), avec le dessin de presse. En exposition 140 dessins de presse internationaux et corses.
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