La Bâtarde d’Istanbul d’Elif Shafak

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La Bâtarde d’Istanbul d’Elif Shafak

Christophe Lamfalussy

Mis en ligne le 07/09/2007
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La Bâtarde d’Istanbul d’Elif Shafak
C’est un livre savoureux, qui ouvre la rentrée littéraire en France, celui que nous a mitonné la romancière turque Elif Shafak et qui a bien failli lui valoir une condamnation pour « insulte à l’identité nationale » turque. Savoureux car ce roman nous plonge dans un univers essentiellement féminin où flottent les effluves de cannelle, craquent les pistaches sous les dents et frétillent, sortis du four, des böreks à la feta et aux épinards.

On se sent bien dans le livre de Shafak et on croit marcher avec elle sous les ondées d’Istanbul ou sur le pont de la Corne d’Or où les pêcheurs, inlassablement, taquinent l’abondant poisson.

L’ESCAPADE D’ARMANOUSH

Le roman est toutefois beaucoup plus qu’un roman gastronomique. « La Bâtarde d’Istanbul » croise le destin de deux familles, les Kazanci, Turcs d’Istanbul, et les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés à San Francisco. Ce qui devait arriver arrive : aux Etats-Unis, Rose, une Américaine divorcée d’un Tchakhmakhchian, tombe amoureuse d’un Turc, Mustafa. Arrivée à l’âge de 21 ans, sa fille se met en quête de ses origines et file discrètement à Istanbul. Elle y est accueillie par la tribu des Kazanci, la famille de Mustafa. « Ma fille unique est à Istanbul ! », hurle Rose quand elle découvre l’escapade. Et Armanoush, la jeune catholique, se lie d’amitié avec Asya, la bâtarde.

Les Kazanci, c’est tout un programme…. Nul homme ne semble avoir survécu à cette tornade féminine. Presque tous sont morts trop jeunes, exilés ou poursuivis par la malédiction. Seules subsistent six femmes qui ne sont d’accord sur rien, une « maison de dingues » dont Asya s’échappe pour un soi-disant cours de danse classique. En fait, elle part au « Café Kundera » où les clients ne lui posent pas de question et regardent les affiches aux murs quand ils n’ont plus de sujets de conversation – que du bonheur.

L’univers d’Elif Shafak, écrit joliment Amin Maalouf dans la préface, « est celui des femmes éternelles et des hommes qui passent. Toutes portent le deuil d’un père, d’un mari, d’un amant ou d’un fils, mais elles s’accommodent de l’absence, on ne les imagine pas enveloppées de noir ».

LA QUÊTE DE L’IDENTITÉ

On le comprend, « La Bâtarde d’Istanbul » est un livre sur le sens et la quête de l’identité. L’auteur a écrit son livre entre l’Arizona, New York et Istanbul. Née à Strasbourg, en France en 1971, Elif Shafak vit aux Etats-Unis où elle enseigne au département Proche-Orient de l’université de Tucson (Arizona). Dans sa jeunesse, elle a bourlingué avec une mère diplomate divorcée en Espagne et en Jordanie.

Son roman n’est pas un livre politique au sens masculin du terme, c’est-à-dire analytique et stratégique. Mais il offre, tout en douceur et en éclats, une palette de couleurs et d’émotions. « C’est souvent par l’humour qu’on exprime le mieux les choses graves et importantes », estime Elif Shafak.

Une référence dans le livre aux « bouchers turcs » qui ont instigué et participé au génocide des Arméniens en 1915-16 lui a valu de sérieux ennuis judiciaires en Turquie en 2006, entre l’édition turque et l’édition anglaise de ce roman. Un juge l’a inculpée pour « insulte à l’identité nationale » sous le couvert de l’article 301 du Code pénal turc. Elle risquait trois ans de prison. Elle a finalement été acquittée.

L’Union européenne (UE) demande la suppression de cet article qui permet aux juges les plus conservateurs de la Turquie de poursuivre journalistes et intellectuels pour avoir évoqué les sujets tabous que sont le génocide arménien ou l’héritage d’Atatürk. Dans ce cas-ci, la justice a fait marche arrière.

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Author: raffi

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