Un tribunal de Tbilissi a ordonné jeudi la réouverture de la chaîne de télévision Imedi TV, principal média d’opposition, fermée en novembre par les autorités géorgiennes dans la foulée d’une manifestation d’opposition.
« Le juge Guiorgui Chavliachvili a décidé de satisfaire la demande du parquet et le décret sur la saisie des biens d’Imedi est annulé », a déclaré la porte-parole du tribunal, Natia Tchintcholava.
Mercredi, le Parquet général avait demandé la réouverture d’Imedi TV, fermée le 7 novembre au soir après une grande manifestation d’opposition violemment réprimée par les autorités et la proclamation de l’état d’urgence pour neuf jours.
Selon le jugement du tribunal, les journalistes et techniciens sont autorisés à reprendre possession des lieux à partir de vendredi.
« Nous négocions avec le Parquet général et peut-être qu’un petit groupe de nos techniciens, ainsi que moi-même, serons autorisés à entrer dans les locaux aujourd’hui (jeudi) pour commencer l’inspection de l’état technique de nos équipements », a déclaré le directeur général d’Imedi TV, Bidzina Baratachvili.
Le siège de la chaîne avait été occupé par des membres des forces spéciales, et le matériel de montage et de diffusion en partie saccagé ou emporté, selon des témoignages.
La fermeture de la chaîne, propriété de News Corp, du magnat américano-australien Rupert Murdoch, et de l’homme d’affaires géorgien et opposant Badri Patarkatsichvili, a été critiquée par les Occidentaux et par l’opposition géorgienne.
Washington et Bruxelles avaient envoyé à Tbilissi des émissaires pour convaincre le président Mikheïl Saakachvili d’autoriser le retour à l’antenne des journalistes d’Imedi TV à l’approche de la présidentielle anticipée du 5 janvier.
La semaine dernière, l’ex-dissident polonais Adam Michnik était également intervenu.
La fermeture d’Imedi TV avait fini par symboliser les errements de Mikheïl Saakachvili, accusé d’autoritarisme après avoir incarné l’élan démocratique.
Le président avait ouvertement accusé l’oligarque Badri Patarkatsichvili de travailler avec les services spéciaux russes et de chercher à le renverser.
De son côté, la justice géorgienne accusait de facto la chaîne de donner la parole à des personnalités appelant au reversement du président.
Au-delà, l’affaire avait révélé au grand jour les méthodes du pouvoir géorgien, avec les mises sur écoute des leaders de l’opposition et des journalistes d’Imedi TV.
News Corp avait contesté la décision de suspension de licence prononcée par le tribunal de Tbilissi et envisagé d’attaquer l’Etat géorgien devant la Cour des droits de l’Homme à Strasbourg.