Loin d’apaiser la colère des manifestants, la répression de samedi matin l’a au contraire portée à son maximum. Un rassemblement devant l’ambassade de France que la police a tenté sans succès de disperser s’est formé dès la fin de matinée. lorsqu’un camion, à la benne pleine à ras bords des tentes et matelas des manifestants évacués ce matin dans la violence de la place de l’opéra est passé devant ce rassemblement, la foule l’a arrêté, dispersant le contenu sur l’avenue Grikor Lussavortich, face à l’ambassade de France. Vers 15 heures, des bus dont les manifestants s’étaient déjà emparés un peu plus tôt fermaient les deux extrémités de cette longue avenue qui jouxte outre l’ambassade de France, celle de Russie et surtout la mairie. Les manifestants ont d’ailleurs débordé le service d’ordre et menacé de donner l’assaut à la mairie même, provoquant une manuvre de repli à l’intérieur du bâtiment des forces anti émeutes. Une voiture de police a été vandalisée, une autre brûlée, juste à coté de l’ambassade française.
Quelques leaders de l’opposition, dont Stépan Demirdjian et Nikol Pashinian, sont apparus en fin d’après midi sur une tribune de fortune dressé au milieu du rassemblement. Le son de hauts parleurs miraculeusement récupérés de la place de l’opéra, ou, peut être, de nouveaux, n’ont pas vraiment permis à ces leaders de parler à la foule, mais Nikol Pashinian a souligné que ces bus qui verrouillent tout ce vaste périmètre et les débuts de barricades ainsi formées « sont un mouvement d’autodéfense ». En fin d’après midi, sans que la foule se retire, on notait la présence de camions militaires sur la place de la république, mais les forces anti émeutes ne se sont pas rapprochés de la manifestation. Quelques manifestants se sont armés de barres de fer, quelques autres défonçait la chaussée toujours devant l’ambassade de France afibn de fabriquer des pavés.
En fin d’après midi, vers 18 heures, la foule restait cependant plus calme, et semblait décidée à ne pas partir de ce quartier qu’elle a complètement verrouilée.
Laurence Ritter correspondance
Nouvelles d’Arménie Magazine