La course à l’armement entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie transforme le Sud-Caucase en véritable poudrière

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L’Azerbaïdjan, mettant à profit les recettes de la vente de ses hydrocarbures s’est surarmé depuis surtout les quinze dernières années, parvenant avec ces acquisitions d’armes à gagner la guerre de 44 jours en Artsakh en automne 2020, ce qui s’est terminée par son invasion totale en septembre dernier. L’Azerbaïdjan a massé également ses troupes et armements aux frontières de l’Arménie dont il occupe 200 km² du territoire souverain, reconnu par l’ONU et la communauté internationale.

L’Azerbaïdjan grâce à ces ressources en pétrodollars investit chaque année près de 4 milliards de dollars dans sa Défense, alors que l’Arménie y consacrait ces dernières années de 450 à 600 millions de dollars. Un déséquilibre flagrant qui obligea Erévan à investir davantage dans ce secteur. L’Arménie, dont le budget annuel est de 12 à 15 milliards de dollars, ne peut investir 4 milliards dans l’armement. Mais face au danger de sa sécurité menacée, elle a fait l’effort de passer de 600 millions de dollars à 1,2 milliard cette année et 1,3 milliard en 2024. Ce qui est un effort immense pour ce paysa u regard de son faible budget national.

Face à la manne des hydrocarbures azéris, l’Arménie ne peut aucunement lutter d’égal à égal dans cette course à l’armement imposée par l’Azerbaïdjan et qui fait de cette région du Sud-Caucase, une véritable poudrière.
Si toutefois l’Azerbaïdjan compte sur le matériel militaire de pointe de la technologie israélienne et les drones Bayraktar tb2 turcs en bénéficiant également de l’encadrement des officiers turcs et des mercenaires djihadistes syriens ou pakistanais, en face l’Arménie est beaucoup plus démunie. Après la défection du partenaire stratégique militaire russe, l’Arménie cherche des solution alternatives tant pour acheter des armes de pointe que pour obtenir de la formation adaptée pour l’utilisation de ces armes dotées de nouvelles technologies.

Ainsi l’Arménie s’est tournée vers l’Inde pour une livraison importante de canons mobiles d’une très grande efficacité, ainsi que des systèmes de lance-missiles et des radars, brouilleurs d’objets volants tels que les avions ou drones. En France l’Arménie a acquis trois systèmes de radars très efficaces développés par Thalès, des blindés et pourrait recevoir des missiles Mistral. Avec formation sur place par des experts militaires Français.

L’Arménie pourrait investir de quelques centaines de millions de dollars à un milliard de dollars pour ces acquisitions d’armes modernes. Mais cet investissement d’Erévan sera dans tous les cas de plusieurs fois inférieur à celui de Bakou. Face à ce déséquilibre, seule la qualité technologique et la bonne adaptation aux défis pourrait équilibrer la donne. A moins que l’Union européenne décide de soutenir l’effort de défense de l’Arménie afin qu’elle puisse assurer la sécurité de ses frontières…en fournissant gracieusement quelques armes, à des volumes bien inférieurs qu’à l’Ukraine. Un rêve ? Peut-être pas, au regard du rapprochement de l’Arménie à l’UE, face à l’hostilité menaçante de la Russie.

L’Arménie pourrait être ainsi le territoire oriental d’un nouveau front de l’UE .
Face au déséquilibre en faveur de l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie en matière militaire, l’Arménie pourrait jouer ainsi sa carte européenne -ou américaine- pour rompre ce déséquilibre. Une Arménie qui pourrait également faire les frais de la foudre russe à l’égard de ses anciens alliés.
Aujourd’hui, au regard de la situation explosive au Sud-Caucase, l’odeur de la poudre est présente. L’Artsakh en a été victime.
L’Arménie refuse d’être la prochaine victime et s’arme. En toute logique. Car le poids de la diplomatie a cédé à celui des armes dans cette région convoitée par le Pantouranisme.
Dans ces conditions, la paix semble encore inaccessible à court terme au Sud-Caucase face à l’appétit turco-azéri et au cynisme russe. En attendant, les armes seules peuvent encore garantir la sécurité des citoyens. Et l’Arménie a saisi cette cruelle vérité.

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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