A partir de 2003, comme l’immense majorité de la population du pays, et plus particulièrement les autres Chrétiens vivant en Irak, les Arméniens ont subi pendant cinq longues années les exactions, les meurtres et les destructions provoquées par l’État islamique proclamé en Syrie et en Irak.
Refusant de se convertir à la religion musulmane ou à payer l’impôt exigé par les nouveaux maitres de la région, toutes les famille arméniennes ont quitté la ville de Mossoul où leur communauté était née au 14ème siècle. En 1644, après avoir visité la ville, le voyageur et marchand français Jean-Baptiste Tavernier indique qu’il y a rencontré des Arméniens. Mais ils resteront peu nombreux dans la ville durant toute la période moderne. Jusqu’au milieu du 19ème siècle, ils s’adressent d’ailleurs de manière régulière au clergé syriaque orthodoxe ou chaldéen (catholiques) pour leurs besoins rituels.
En 1847, un vicariat est créé pour la ville et sa région par le Patriarche Maddthéos Tchoukhadjian de Constantinople. Les fidèles arméniens du pays se trouvent alors dans sa juridiction. Il délègue un certain vartabed Mesrob avec pour mission de pourvoir aux besoins spirituels des Arméniens de la ville. En 1851, ce dernier construit une modeste chapelle dédiée à Saint Grégoire l’illuminateur. En 1857, une grande église placée sous le vocable de Saint-Etchmiadzine est consacrée comme nous l’apprend une inscription lapidaire conservée jusqu’à nos jours.
Un siècle plus tard, elle doit être reconstruite et agrandie pour répondre à l’augmentation du nombre des fidèles, des survivants du Génocide de 1915 qui ont trouvé refuge en Irak. La nouvelle église qui a été pendant longtemps considérée comme le plus bel édifice religieux arménien du pays est consacrée en 1969. Elle est également dédiée à Saint Etchmiadzine. Une école est construite dans son enceinte, mais, comme tous les autres établissements scolaires des diverses communautés d’Irak, elle est confisquée par l’État et nationalisée en 1973.
Au début des années 2000, alors qu’il ne reste plus qu’un millier d’Arméniens dans la ville, la paroisse et le diocèse décident de construire une nouvelle église en un autre lieu car le quartier a perdu la quasi-totalité de sa population arménienne. Les autorités municipales concèdent à la communauté un terrain situé dans un quartier de la rive gauche du Tigre afin d’y édifier le nouveau sanctuaire. Sans doute par fidélité à leur passé, les responsables religieux et laïcs décident une nouvelle fois de lui donner le nom de «Saint-Etchmiadzine». En 2004, alors qu’il n’a pas encore été consacré, les islamistes le détruisent et transforme l’ancienne église située au cœur de la ville en quartier général et centre de détention de la police des mœurs. Toute les Arméniens quittent la ville pour se réfugier plus au nord, dans des localités de la zone contrôlée par les Kurdes. A 170 kilomètres au sud de la ville, les Arméniens de Kirkuk sont revenus et ont restaurée leur église tandis qu’il ne resterait plus aujourd’hui à Mossoul que deux ou trois arméniens.
Une nouvelle fois, les descendants des survivants de la tragédie de 1915 ont à nouveau dû prendre le chemin de l’exil.
Sahag Sukiasyan
