La fin d’une décennie de mutisme du Premier Président Lévon Ter-Petrossian fait couler beaucoup d’encre dans la presse arménienne et suscite la polémique. Certains quotidiens saluent la réapparition de Ter-Petrossian sur la scène politique, d’autres lui conseillent de faire un effort de mémoire et de se souvenir du climat de « permissivité et de désordre total » qui régnait dans ses années de présidence « avant de fustiger le régime actuel ». L’ensemble des commentateurs partage toutefois l’avis selon lequel Ter-Petrossian, même s’il n’a pas donné une réponse nette à la
question « très actuelle » de savoir s’il présenterait sa candidature aux élections présidentielles, a laissé un message très clair traduisant son souhait d’entrer à nouveau en politique. Une idée, celle que Ter-Petrossian « n’a pas donné de nouvelles recettes pour les anciennes maladies », prévaut dans la plupart des commentaires.
Le quotidien pro-gouvernemental Hayots Achkhar conseille au Premier Président de « se souvenir des personnalités de
son entourage qui ont pillé les richesses du pays et ont laissé à leurs successeurs un pays en ruines ». Ter-Petrossian se
trompe en pensant qu’il aura un fort soutien politique. Les forces politiques susceptibles de le soutenir aux présidentielles
n’ont recueilli au total que 70 000 voix à l’issue des législatives. Dans un autre article Hayots Achkhar remarque que le
Premier Président, qui évoque la corruption, doit se souvenir qu’en 1996 le budget d’Etat d’Arménie s’élevait à 250
MUSD dont seulement 69 MUSD étaient constitués de recettes fiscales. Et de rappeler que les budgets d’Etat n’ont jamais
été exécutés sous Ter-Petrossian.
Azg publie un article d’une même teneur critique et recommande au Premier Président de se souvenir du « climat de
permissivité » qui régnait dans les années 1991-1998 « marqués par des crises énergétiques et financières lorsque la
corruption, l’émigration et la privatisation illégale s’épanouissaient ». « Il indique que l’Arménie est devenue un pays
exportateur de main d’uvres, mais oublie qu’un million d’Arméniens ont quitté le pays sous sa présidence. Il évoque les
17 chaînes de télévisions contrôlées, mais oublie la fermeture des médias du parti Dachnak, dans l’opposition à l’époque.
Il évoque l’impasse dans lequel se trouverait le conflit du HK, mais oublie qu’il proposait un règlement défaitiste du
conflit ».
Les articles des journaux pro- gouvernementaux Golos Arménii et Novoyé Vrémia sont également d’une même teneur
ironique. Si Novoyé Vrémia estime que « le peuple conserve les souvenirs du cauchemar des années de présidence de Ter-
Petrossian », Golos coupe court : « Lévon va-t-en ! ». « A quel point cet homme se méfie-t-il de son peuple pour
réapparaître devant lui après dix ans de silence », achève Golos.
Haykakan Jamanak, quotidien proche du parti MNA de Ter-Petrossian, explique les commentaires hystériques vis-à-vis
de l’ancien Président par le « choc » qu’ont subi les autorités suite à sa réapparition. Le fait que les chaînes de télévisions
contrôlées par les autorités ont passé sous silence, pendant deux jours, le discours de Ter-Petrossian et ne l’ont couvert
qu’avec un ton très ironique, en est le témoignage. « C’est Ter-Petrossian qui a fait venir Kotcharian et Sarkissian en
Arménie, et ce sera lui qui les chassera ».
L’éditorial d’Aravot prévoit une recrudescence d’« épithètes » vis-à-vis du Premier Président, estimant que « tout homme
raisonnable partagera l’idée de Ter-Petrossian selon laquelle le régime actuel a conduit l’Arménie dans le tiers-monde ».
Ambassade de France en Arménie
Service de presse
