Les Géorgiens élisaient samedi leur président lors d’une élection anticipée convoquée par le leader pro-occidental Mikheïl Saakachvili après des troubles en novembre, l’opposition dénonçant d’ores et déjà « de sérieuses violations ».
« C’est une chance pour nous de montrer au monde entier que la Géorgie est une démocratie vivante », a déclaré Mikheïl Saakachvili, le président sortant, qui mise sur sa réélection pour restaurer son pouvoir et son crédit démocratique, en votant à Tbilissi.
L’opposition, qui menace de ne pas reconnaître les résultats de l’élection, a évoqué pour sa part « de sérieuses violations ».
Un de ses leaders, Tina Khidacheli, interrogée par l’AFP, a fait état d’enregistrements montrant des personnes qui votent deux ou trois fois et a affirmé que des responsables de commissions électorales avaient ouvert des urnes pendant le scrutin.
Le porte-parole de M. Saakachvili, David Bakradzé, a répliqué que « la majorité absolue des plaintes » avaient été vérifiées mais ne « s’étaient pas confirmées » et a accusé l’opposition de « discréditer la Géorgie ».
Héros de la Révolution pro-démocratique dite de la rose en 2003, M. Saakachvili, 40 ans, apparaît comme le favori face à six adversaires même si son image de démocrate a été ternie par la répression de manifestations d’opposition et l’instauration de l’état d’urgence pendant neuf jours en novembre.
Sous la pression des Etats-Unis et de l’Union européenne, qui ont critiqué sa gestion musclée de la crise et la fermeture brutale de la principale chaîne d’opposition Imedi TV, il a alors créé la surprise en convoquant une présidentielle un an plus tôt que prévu.
L’issue du scrutin reste toutefois incertaine et sa victoire n’est pas assurée dès le premier tour. La crise de novembre a ajouté à la déception post-révolutionnaire des Géorgiens qui reprochent à M. Saakachvili d’avoir échoué à combattre la pauvreté.
Le principal candidat de l’opposition, Levan Gatchetchiladzé, entrepreneur vinicole et ancien allié de M. Saakachvili, accuse le président sortant d’abus de pouvoir et a promis d’instaurer un régime parlementaire s’il est élu.
Si aucun des candidats n’obtient plus de 50% des voix samedi, un second tour sera organisé dans deux semaines.
Environ 460 observateurs de l’OSCE surveillent le déroulement du vote dans ce pays stratégique, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, sur la route du pétrole de la mer Caspienne. Ils doivent rendre leurs conclusions dimanche à 15H00 (11H00 GMT).
Les accusations de fraudes risquent de provoquer une nouvelle vague de protestations.
« Nous en avons assez de Saakachvili, novembre c’était la dernière goutte », a expliqué Nino Saladzé, une comptable de 51 ans, qui a donné sa voix à M. Gatchetchiladzé.
Nodar Zardiachvili, 49 ans, a voté en revanche pour M. Saakachvili « parce qu’il a raison de vouloir faire entrer la Géorgie dans l’Otan et l’Union européenne ».
M. Saakachvili, formé aux Etats-Unis et en Europe, prône un ancrage à l’Ouest au grand dam de Moscou qui soutient deux républiques séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et a imposé en 2006 un blocus économique à Tbilissi.
Les quelque 3,4 millions d’électeurs de cette ex-république soviétique du Caucase étaient également appelés à se prononcer sur l’adhésion de leur pays à l’Otan, qu’ils devraient approuver massivement. Ce référendum, qui n’aura aucune portée immédiate, vise à manifester la volonté d’ancrage de la Géorgie à l’Ouest.
Les bureaux de vote fermeront à 20H00 (bien 16H00 GMT). Les premiers sondages de sortie des urnes seront rendus publics dans la foulée et les premiers résultats officiels dans la nuit de samedi à dimanche.
