La justice arménienne renonce à poursuivre un membre du Contrat civil au pouvoir, accusé d’avoir proféré des menaces de mort

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Poursuivi par la justice pour s’en être pris à un villageois de sa circonscription, un responsable régional arménien membre du parti Contrat civil du premier ministre Nikol Pachinian ne devrait par ailleurs pas devoir rendre des comptes à la justice pour avoir menacé de « tuer » les détracteurs de Pachinian. Une impunité qui a provoqué l’indignation de l’opposition comme des groupes civiques arméniens, qui dénoncent une justice à deux vitesses. Souren Torossian, qui est en charge du département des infrastructures à Aragatsavan, un gros bourg agricole situé à quelque 80 km au nord-ouest de Erevan, avait fait une démonstration de son comportement manifestement colérique en aspergeant de gaz lacrymogène le 7 juin un villageois qu’il aurait ensuite frappé avec un bâton. Blessé à la tête, Armen Sahakian, 24 ans, avait dû être hospitalisé d’urgence. Des dizaines d’autres habitants de Aragatsavan avaient alors bloqué la route conduisant à Erevan, exigeant que Torossian soit arrêté et poursuivi. Les manifestants étaient d’autant plus furieux que le jeune homme que l’édile local avait envoyé à l’hôpital souffrait déjà de maladies chroniques graves. « Est-ce là l’Etat de droit créé par le Contrat civil ? », s’est exclamé l’un des manifestants interrogé par le Service arménien de RFE/RL. Torossian a été très vite arrêté sur les accusations d’agression pour être relâché tout aussi rapidement, quelques heures après seulement. Le Comité d’enquête d’Arménie a fait valoir que les accusations d’agression dont il fait l’objet ne sont pas assez graves pour justifier son maintien en détention provisoire. Mais les media ne partagent pas cet avis, et sont largement couvert l’incident. Ils se sont aussi intéressés à la page Facebook de Torossian, et en particulier une vidéo qu’il avait postée au début du mois dans laquelle le membre du parti au pouvoir exprime sa haine des opposants à Pachinian, auxquels il se ferait un plaisir de « couper les oreilles » et de « leur casser la g… ». Dans la foulée, il menaçait clairement les tuer, en les exécutant d’une balle dans la tête. Torossian, qui a été nommé à son poste après la révolution de velours qui a porté Pachinian au pouvoir en mai 2018, est allé jusqu’à appeler les responsables des antennes locales de la police et du Service de sécurité nationale à traquer dans leurs domiciles les détracteurs du premier ministre. Un porte-parole du Comité d’enquête a indiqué lundi 12 juin que l’instance judiciaire n’avait pas engagé de poursuites en lien avec ces menaces de mort parce qu’elle n’avait pas reçu un « dossier criminel » en bonne et due forme relatif à un tel délit. De son côté, le bureau du procureur général a indiqué au Service arménien de RFE/RL qu’il se prononcerait sur les suites légales de telles menaces seulement en réponse à une demande écrite d’enquête. Quant au Contrat civil, il n’avait pas encore réagi aux appels à la violence de l’un de ses membres. Lui aussi membre du parti au pouvoir, le gouverneur de la province d’Aragatsotn, qui comprend Aragatsavan, a critiqué lundi ces appels et a promis d’engager un « débat » sur le comportement de Torossian. « Ses propos n’étaient pas normaux, de mon point de vue », a déclaré Sergueï Movsissian. La haine de Torossian pour les opposants à Pachinian, proportionnelle à la vénération qu’il semble porter au premier ministre, n’a pas de limite, ni même de limite d’âge. Ainsi Torossian a aussi révélé, dans la même vidéo scandaleuse, qu’il s’en était pris à un enfant de 8 ans qui s’est révélé être un réfugié du Karabagh. Il s’est flatté d’avoir arrêté sa voiture sur la route aux abords d’Aragatsavan et d’avoir ordonné au jeune garçon d’en sortir après que celui-ci eut dit que sa famille avait fui le Karabagh parce que « le traître Nikol a livré nos terres ». Torossian avait ensuite promis de « s’occuper » des parents du jeune garçon, qui sont employés par la municipalité d’une autre commune rurale. « Nous jetterons de telles personnes hors du secteur », avait-il menacé.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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