Un avocat de Ruben Hayrapetian a indiqué jeudi 30 juillet que les autorités judiciaires de Russie avaient de fait refusé d’extrader l’homme d’affaires fortuné proche de l’ancien pouvoir en place en Arménie où il est poursuivi pour différents chefs d’accusation. R.Hayrapetian s’était rendu en Russie en mars plus d’un mois avant d’être inculpé une première fois par le Comité d’enquête d’Arménie (CEA). Cette instance judiciaire avait affirmé que l’homme d’affaires, avec son fils Rafik et quatre autres personnes auraient kidnappé et roué de coups en 2016 le directeur d’un complexe appartenant à la famille Hayrapetian, auquel ils reprochaient d’avoir détourné plus de 52 millions de drams (108 000 $) d’une banque commerciale contrôlée par l’oligarque jadis tout puissant. Dans une autre enquête criminelle, Hayrapetian a été aussi accusé d’avoir abusé de son ancien statut de président de la Fédération de football d’Armenia (FFA) en 2015 pour s’approprier un terrain municipal à Erevan à un prix cassé. R.Hayrapetian a démenti avec force ces accusations par la voix de ses avocats. Aux enquêteurs, qu’il a contactés depuis Moscou, il a affirmé qu’il était dans l’incapacité de rentrer en Arménie pour cause de pandémie de coronavirus. Une excuse non valable selon le CEA, qui estime qu’il cherche tout simplement à se soustraire à la justice arménienne.
Fin mai, un tribunal d’Erevan avait accepté d’émettre un mandat d’arrêt visant R.Hayrapetian et quatre autres suspects, ouvrant la voie à une recherche internationale lancée par les enquêteurs peu après concernant R.Hayrapetian, dont l’un des avocats, Amram Makinian, a affirmé pour sa part que les autorités judiciaires russes avaient de fait décidé de cesser de rechercher son client. A.Makinian a indiqué qu’il ne connaissait pas les motifs officiels d’une telle décision; il n’a pas non plus été en mesure de dire si l’homme d’affaires avait la citoyenneté russe et ne pouvait, de ce fait, être extradé vers l’Arménie. Un porte-parole du bureau du procureur-général d’Arménie, interrogé par RFE/RL, a indiqué pour sa part qu’il s’agissait désormais de versifier les déclarations de l’avocat. Ce responsable du parquet arménien, Gor Abrahamian, a ajouté que les procureurs arméniens avaient contacté leurs collègues russes dans cet objectif. R.Hayrapetian, 56 ans, a été l’un des oligarques qui n’avaient pas ménage leur soutien à l’ancien président Serge Sarkissian et reste membre de son Parti républicain (HHK), qu’il représentait au Parlement arménien.
Le milliardaire, connu pour ses accès de violences, a accusé les autorités actuelles d’Arménie de le harceler pour des motifs politiques peu après une brève détention dans les locaux de la police arménienne en février, où il était interrogé pour suspicion de possession illégale d’armes. R.Hayrapetian ajoute donc son nom à la liste, déjà longue, d’anciens responsables arméniens poursuivis par la justice arménienne qu’ils ont choisi de fuir en se retranchant en Russie, dont les autorités n’ont jamais fait mystère de leurs liens privilégiés avec l’ancien pouvoir en place à Erevan. Tous rejettent les accusations diverses portées contre eux, en les jugeant politiquement motivées. L’un de ces anciens responsables, Mihran Poghosian, dirigeait une agence de l’Etat arménien chargée de mettre en vigueur les décisions de justice sous les mandats de S. Sarkissian. Les procureurs russes ont refusé d’extrader M.Poghosian après l’avoir placé en détention pendant plusieurs semaines l’an dernier.
