La laïcité au coeur du débat sur la présidentielle en Turquie?

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Le président Ahmet Necdet Sezer, un laïc convaincu, achève son mandat le mois prochain en Turquie et les députés se préparent à choisir son successeur dans un climat de tensions liées à la place de l’islam dans la vie politique du pays.
M. Sezer, dont le mandat s’achève le 16 mai, devrait être remplacé par un membre du parti aux racines islamistes du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, ou par ce dernier. Les partisans du chef d’État âgé de 66 ans, comptent manifester à Ankara ce week-end pour protester contre l’arrivée éventuelle d’un «islamiste» à la présidence.

Les laïcs craignent qu’avec M. Erdogan ou un de ses alliés au sommet de l’État, le gouvernement n’ait les mains libres pour mettre en oeuvre un programme islamique. Même si son poste est largement honorifique, le président détient certains pouvoirs, que M. Sezer a utilisés pour bloquer des initiatives du premier ministre qui menaçaient, selon lui, les fondations laïques de la Turquie.

L’armée, qui se considère comme le garant de la laïcité, a souligné hier que le prochain président devrait être fidèle à ces valeurs. «En tant que citoyen et membre des forces armées, (j’)espère que quelqu’un de fidèle aux principes de la république (…) sera élu président», a déclaré le général Yasar Buyukanit, chef d’état-major de l’armée, lors d’une conférence de presse télévisée.

«Le président qui sera élu sera aussi le commandant en chef des forces armées turques», a précisé l’officier, dont les commentaires sont les premiers émanant de l’armée sur l’élection présidentielle.

Alors que l’opposition n’est pas en mesure de bloquer la majorité de M. Erdogan au Parlement, M. Sezer a mis son veto à un nombre record de textes de loi jugés non conformes à la Constitution et refusé la nomination de centaines de responsables considérés comme proches de la mouvance islamiste.

M. Sezer s’est notamment opposé à un projet de loi qui, selon certains, aurait assoupli les restrictions sur le port du voile dans les administrations, ainsi qu’à un autre texte sur l’enseignement supérieur favorisant les diplômés d’écoles religieuses.

Le président est élu pour un seul mandat de sept ans par le Parlement, actuellement dominé par les députés du Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan. Ce dernier n’a pas dit s’il se présenterait, mais devrait annoncer le candidat de son parti pour le poste ce mois-ci.

Le premier ministre ne laisse pas indifférent en Turquie en raison de son passé islamiste, et même la décision de son épouse de porter un foulard a des répercussions politiques. Les laïcistes sont consternés à l’idée que la première dame puisse porter un symbole religieux au palais présidentiel jadis occupé par Mustafa Kemal Ataturk, fondateur de la Turquie moderne et laïque.

«Êtes-vous conscients du danger?», demande le quotidien Cumhuriyet, défenseur fervent de la laïcité, dans le cadre d’une campagne contre le gouvernement affirmant que le 16 mai le pays pourrait se retrouver «100 ans en arrière».

M. Erdogan affirme que l’AKP n’a aucun programme islamiste. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, son gouvernement a soutenu la candidature turque à l’Union européenne. Mais beaucoup dans l’armée se méfient de lui. En 1999, M. Erdogan avait été emprisonné pour avoir récité un poème islamiste lors d’un rassemblement politique.

D’éminentes organisations patronales aimeraient voir M. Erdogan rester à la tête du gouvernement pour assurer la stabilité du pays, qui a enregistré depuis le début de son mandat une croissance annuelle d’environ 7%.

Alors que la tension monte avant le vote présidentiel, le Parti républicain du peuple (CHP, centre-gauche, opposition) menace de bloquer le scrutin parlementaire en le boycottant.

raffi
Author: raffi

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