La « maison de Marie » que Benoît XVI visitera lors de son voyage en Turquie est l’un des plus importants lieux de pèlerinage catholique du pays, même si son authenticité reste sujette à caution.
La découverte de la maison dans laquelle aurait vécu et serait morte la mère du Christ avant, selon la tradition chrétienne, de monter au ciel, est en effet pour le moins troublante.
C’est sur la base des indications détaillées d’une voyante allemande, Anne Catherine Emmerich, ultérieurement béatifiée par l’Eglise catholique, qu’en 1881 un prêtre français, l’abbé Gouyet, eut l’idée de rechercher les ruines de la maison sur les collines avoisinnant Ephèse, dans l’ouest de la Turquie.
Ces recherches et des campagnes archéologiques successives ont permis de mettre à jour des ruines sur les lieux mêmes où des bergers grecs orthodoxes du cru célébraient Marie, allant à l’encontre de la tradition byzantine qui établit à Jérusalem le lieu de la mort de la Vierge.
Dès 1892, les vestiges furent authentifiés par l’archevêque catholique de Smyrne, l’actuelle Izmir, dont dépendent Ephèse et ses environs.
Devenues propriété d’une religieuse catholique, les ruines, relevées et surmontées d’une toiture, accueillirent en 1896 leur premier pélerinage important, avec plus de 1.300 personnes grimpant par des sentiers de bergers jusqu’à la « Maison de Marie ».
L’engouement ne cessera dès lors de croître. Des dizaines de milliers de personnes, chrétiens mais aussi musulmans, visitent désormais chaque année la maison, qui a également accueilli les papes Paul VI et Jean Paul II, respectivement en 1967 et en 1979.
Cette reconnaissance pontificale n’a pourtant pas clos les controverses.
Le vicaire apostolique d’Istanbul, Mgr Louis Pelâtre, a assuré que « la présence de la Vierge à Ephèse est très probable car celle de (l’apôtre) Jean y est incontestable et que, selon la tradition chrétienne, Marie ne s’est jamais séparée de Jean ».
« En plus, le Concile d’Ephèse en 431 a eu lieu dans une église dédiée à Marie, ce qui est tout à fait exceptionnel car à l’époque aucune autre église ne lui est dédiée et la pratique est de ne dédier les églises que quand le tombeau de la personne se trouve à proximité », a-t-il ajouté.
Le père Giuseppe Giorgis, de la cathédrale Saint-Esprit d’Istanbul, était en revanche plus circonspect.
« Moi, je ne crois pas que la Vierge était à Ephèse. Elle y était sans doute spirituellement, elle était dans le coeur de Jean, c’est comme ça que je justifie le pélerinage, mais sinon je suis sûr qu’elle n’a pas quitté Jérusalem », a-t-il déclaré.
Les médias turcs semblaient plutôt convaincus du caractère sacré du lieu, qui ont crié au miracle après qu’un violent incendie a ravagé en août dernier 350 hectares de pinèdes, les flammes s’arrêtant à cinq mètres de la maison de Marie.