La méfiance, principal obstacle à un traité de paix arméno-azéri, selon Pachinian

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S’exprimant devant les députés réunis au Parlement d’Erevan jeudi 16 novembre, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a désigné la méfiance réciproque comme le principal obstacle se dressant sur la voie d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Reste à savoir laquelle des deux parties a le plus de raisons de se méfier, alors que l’Azerbaïdjan n’a jamais tenu son engagement de régler par la paix le conflit autour du Haut-Karabagh, auquel il portait son dernier coup fin septembre, trois ans après une guerre décisive, en contraignant sa population arménienne à abandonner sa terre ancestrale. Répondant indirectement à cette question, le premier ministre arménien, qui avait pris la parole dans le cadre de la discussion sur le budget 2024, en a profité pour annoncer qu’il entendait plus que doubler le montant des dépenses militaires par rapport à 2018, quand il avait pris ses fonctions à la tête du gouvernement à la faveur d’une révolution de velours qui avait mis fin à l’ancien régime. Mais il a toutefois assuré que cette hausse des dépenses militaires servirait à la “ préparation de la paix plutôt que de la guerre ”. Pachinian a affirmé que le sentiment de sécurité des citoyens était la plus importante garantie de paix et de stabilité. “Je suis sûr que tous nos voisins sont convaincus que nous n’avons nulle intention d’attaquer qui que ce soit, et à cet égard, je ne pense pas que les préoccupations exprimées concernant les acquisitions par nos forces armées soient sincères. Il est du devoir de toute nation souveraine de renforcer son armée, ce à quoi nous nous employons. Au cours des 10 dernières années, les dépenses militaires de l’Azerbaïdjan ont été en moyenne trois fois plus élevées que celles de l’ Arménie, et il continue à en être ainsi ”, a ajouté Pachinian. Dernièrement, en présentant l’augmentation du budget de la défense de son pays, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait affirmé qu’ils “ont élevé le budget de la défense à un niveau record, parce que même après la défaite de l’Arménie dans la guerre, nous la percevons toujours comme un danger ”. A cet égard, Pachinian a indiqué qu’alors que l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont entendus sur les principes fondamentaux, l’absence de confiance entre les deux pays reste la principale raison qui empêche la signature d’un accord de paix. “Parce que chaque fois nous voyons dans les déclarations et dans certaines actions de l’Azerbaïdjan, et, peut-être, l’Azerbaïdjan de son côté voit dans nos déclarations et certaines de nos actions, des intentions de renoncer à ces arrangements et de préparer des plans d’agressions, ce qui a un impact négatif sur le texte final d’un accord de paix ”, a poursuivi Pachinian sur un ton pour le moins conciliant, alors que « certaines » des dernières « actions » de l’Azerbaïdjan, à savoir le nettoyage ethnique du Karabagh, opéré il y a moins de deux mois, ne laissent pas place au doute quant à l’hostilité de Bakou envers les Arméniens et n’incitent guère à la confiance. Pachinian a aussi souligné que la volonté politique de Erevan de signer un accord de paix avec l’Azerbaïdjan dans les mois à venir restait “inébranlable”, même s’il restait un certain nombre de questions à clarifier. Au nombre de celles-ci, “la formulation d’un mécanisme pour surmonter les éventuels malentendus concernant la teneur de l’accord de paix, et par ailleurs la création de garanties de sécurité qui fassent qu’une escalade des tensions ne soit pas possible après la signature de l’accord de paix », a précisé le dirigeant arménien. Pachinian a insisté une fois encore sur le fait que les principes clés avaient obtenu l’aval de l’Azerbaïdjan, en précisant que cela s’était produit lors des négociations, en particulier durant les rencontres tripartites qui se sont tenues sous l’égide de l’UE à Bruxelles le 14 mai et le 15 juillet. Rappelons que c’est après la rencontre de mai à Bruxelles que Pachinian avait déclaré que le « Karabagh fait partie de l’Azerbaïdjan », un autre principe clé qui n’avait manifestement pas suffi à dissiper la méfiance d’Aliev, qui lançait quelques mois plus tard une offensive décisive contre les Arméniens du Karabagh. Le premier ministre arménien a énoncé ces principes: “l’Arménie et l’Azerbaïdjan reconnaissent mutuellement leur intégrité territoriale, impliquant que le territoire de l’Arménie s’étend sur une superficie de 29 800 km², et le territoire de l’Azerbaïdjan sur 86 600 km². La Déclaration d’Alma-Ata de 1991 est la base politique pour la délimitation des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. De fait, il a été admis que les cartes d’état major des forces armées de l’ex-URSS en vigueur de 1974 à 1990 devraient être utilisées pour la délimitation de ces frontières. L’Arménie et l’Azerbaïdjan n’ont pas de revendications territoriales et s’engagent à ne pas porter de telles revendications à l’avenir non plus. Les axes de transport régionaux devraient être réouverts sur la base de la souveraineté, de la juridiction, de la réciprocité et de l’égalité des pays ”. Pendant que l’on confirmait la livraison à l’Arménie de véhicules blindés français de type Bastion, dont une partie est déjà arrivée au port géorgien de Poti, l’Azerbaïdjan qui n’a pas manqué de dénoncer la « militarisation » de l’Arménie par la France et l’Occident et l’envoi de ce matériel militaire initialement destiné à l’Ukraine, qui l’avait refusé le jugeant peu efficace au regard de ses besoins de défense, attendait la finalisation d’un contrat de plus d’un milliard de dollars en vue de la livraison d’armes par Israël. La guerre contre le Hamas n’a pas encore affecté les exportations d’armes d’Israël, comme cela semble être le cas pour la Russie, dont les activités militaires en Ukraine auraient sollicité à ce point l’industrie de l’armement qu’elle ne serait plus capable de répondre aux besoins de ses alliés, à commencer par l’Arménie.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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