Nebahat Albayrak a été nommée secrétaire d’Etat à la justice aux Pays-Bas , où elle gérera le dossier de l’intégration. Née en Turquie en 1968, elle a étudié les sciences politiques à Paris. Elle incarnera la nouvelle politique néerlandaise en matière d’immigration, conduite jusque là par l’inflexible Rita Verdonk, ancienne ministre libérale.
L’entrée au gouvernement de personnalités aux origines étrangères a immédiatement suscité des difficultés. Jeudi 15 février, le Parti pour la liberté du député populiste Geert Wilders a tenté de bloquer la nomination de Mme Albayrak et de M. Aboutaleb, estimant que le fait qu’ils possèdent une double nationalité posait la question de leur « loyauté » à l’égard des Pays-Bas. Une vive discussion a éclaté, au cours de laquelle Rita Verdonk a estimé que les nouveaux secrétaires d’Etat pourraient prouver leur « fierté » d’être néerlandais en délaissant leur autre passeport. Nebahat Albayrak a refusé d’abandonner sa nationalité turque.
Dans une tribune publiée le 4 octobre 2006 en compagnie de Frans Timmermans au moment des élections législatives la candidate du PvdA avait déclaré « il est juste de caractériser le massacre des Arméniens commu un génocide mais il n’existe aucune preuve formelle ». Considérant que le terme de génocide est « de la nourriture pour juristes » Nebahat Albayrak et Frans Timmermans avait indiqué « le terme génocide a été défini très précisement précisement. Pour qualifier de génocide l’élimination d’un peuple on doit prouver que le meurtre d’une nation a été mis en place en connaissance de cause et a été effectué sur un certain groupe démographique. Cette preuve n’a formellement jamais été fournie dans la question arménienne. (…) Les Arméniens ne sont pas l’unique exemple. Ainsi nous trouvons absolument légitime d’appeler les hécatombes en Bosnie et au Darfur de génocides, pendant que d’éminents experts indiquent que cela est juridiquement inexact ».
Seize membres de l’Union Chrétienne ont réagit à cette nomination demandant à leur parti de revenir sur sa décision de participer au prochain gouvernement de Jan Peter Balkenende. Avec ce choix les élus de l’Union Chrétienne estiment que leur initiative de faire de la négation du génocide arménien un crime « n’a aucune chance de réussir ».
La ministre sortante de l’Immigration, Rita Verdonk, connue pour son intransigeance, leur a emboîté le pas en estimant qu’une façon de montrer leur « fierté d’être néerlandais » serait d’abandonner leur deuxième passeport. La motion de Geert Wilders finalement écartée, a provoqué un scandale dans l’enceinte du parlement, dont c’était probablement la dernière session avant la présentation officielle jeudi ou vendredi du nouveau gouvernement du chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende, issu des législatives du 22 novembre. Selon un sondage réalisé vendredi par l’institut Maurice de Hond auprès de 800 personnes, la question de la double nationalité des politiciens divise les Néerlandais. Ils sont 48% a estimer que rien ne s’y oppose, et 48% à penser que les élus devraient y renoncer.