C’est sur fond de tensions accrues entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, où l’arrestation de « terroristes » présumés suspectés d’avoir préparé un attentat commandité par les Iraniens a provoqué une nouvelle crise entre les deux voisins chiites, que le secrétaire du Conseil de sécurité nationale (SSN) d’Arménie, Armen Grigorian, effectuait dimanche 9 avril une visite officielle à Téhéran, où il saluait la politique mesurée de la République islamique d’Iran au Sud Caucase. Le service de presse de Grigorian a indiqué que dans le cadre de cette visite, il avait rencontré son homologue iranien Ali Shamkhani, avec lequel il avait discuté de la “situation sécuritaire dans la région” et des relations arméno-iraniennes, sans fournir de détails quant au déroulement de leur « dîner de travail ». Les agences de presse iraniennes ont rapporté quant à elles que Grigorian avait salué l’Iran pour sa “promotion de la paix régionale et de la stabilité” en précisant que le resserrement des liens avec Téhéran serait la “priorité majeure ” pour le gouvernement arménien. Shamkhani de son côté aurait réaffirmer l’opposition de Téhéran à tout “changement géographique ” dans la région. Les responsables iraniens ont répété de telles déclarations face aux exigences de l’Azerbaïdjan relatives à l’aménagement d’un corridor extraterritorial qui relierait l’enclave azérie du Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan via la province méridionale arménienne du Syounik, seule région d’Arménie partageant une frontière avec l’Iran dont les autorités iraniennes ont souligné sans cesse qu’elle était historique et devait rester en l’état, mettant en garde cotre toute tentative visant à la supprimer et à contrarier les liens de communication avec le voisin et partenaire arménien. Les tensions persistantes entre l’Iran et l’Azerbaïdjan se sont gravement détériorées ces dernières semaines en raison du rapprochement très net entre l’Azerbaïdjan et Israël, déjà fournisseur d’armes majeur à l’armée azérie, où l’Azerbaïdjan vient d’ouvrir une ambassade à Tel Aviv. Le regain de tensions entre Palestiniens et Israéliens rend d’autant plus inacceptable un tel rapprochement aux yeux des Iraniens, qui ont très mal accueilli aussi les déclarations du ministre israélien des affaires étrangères Eli Cohen durant la visite le mois dernier de son homologue azéri Jeyhun Bayramov, devant qui il aurait affirmé que les deux nations allaient former un “front uni” contre l’Iran. Ce dernier avait demandé des applications à Bakou à ce sujet mais les tensions se sont accrues la semaine dernière, lorsque les autorités azéries ont expulsé quatre employés de l’ambassade iranienne et arrêté six personnes suspectées de liens avec les services iraniens. Ils sont suspectés d’avoir participé à une tentative d’assassinat contre un député hostile à l’Iran. Ces tensions ont été au cœur de l’entretien téléphonique qu’a eu Bayramov avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian samedi. A cette occasion, le ministre iranien a ouvertement mis en cause la collusion de Bakou et d’Israël, non sans laisser entendre que les orientations occidentales de l’Azerbaïdjan pourraient se retourner contre lui, faute d’un réel soutien de l’Occident. Le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Ali Bagheri Kani, s’était rendu le mois dernier à Erevan pour des “consultations politiques régulières ”, selon la partie arménienne, entre les deux Etats voisins. A cette occasion, Kani s’était fermement opposé à la présence de “forces extérieures” au Sud Caucase.
