Le journal turc Huriyet révèle dans son édition du 18 juillet que l’Arménie et la Turquie auraient engagé des négociations secrètes en vue d’une normalisation de leurs relations. Des diplomates des deux pays se seraient rencontrés dans le plus grand secret à Berne en Suisse le 8 juillet, trois jours après la rencontre du président turc Abdullah Gül et de son homologue arménien Serge Sarkissian, en marge des cérémonies anniversaires de la création d’Astana, la capitale du Kazakhstan. Citant sans le nommer le chef de la délégation turque, le quotidien turc indique que les entretiens dans la capitale helvétique, qui auraient duré plusieurs jours, se seraient « déroulés dans une atmosphère cordiale ». Lors d’une conférence de presse le même jour avec son homologue iranien Manouchehr Mottaki, en visite en Turquie, le ministre turc des affaires étrangères Ali Babacan n’a pas commenté l’information, mais ne la pas démentie non plus, se contentant de préciser que les représentants des deux pays se rencontraient « de temps en temps », la Turquie étant favorable selon lui à un dialogue avec son voisin arménien. « Il est important de discuter des perspectives de normalisation des relations arméno-turques par la voie du dialogue », a ajouté le chef de la diplomatie turque.
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Dans son analyse, le journal Hurriyet a estimé que de telles discussions n’avaient été rendues possibles que par la percée diplomatique esquissée par le nouveau président arménien, illustrée notamment par l’invitation faite à son homologue turc à se rendre à Erevan le 6 septembre pour assister au match de football de coupe du monde Arménie-Turquie. Par ailleurs, dans un article publié le 9 juillet par le « Wall Street Journal », le président Sarkissian soulignait que l’Arménie était prête à se lancer dans une « nouvelle phase de dialogue avec le gouvernement et le peuple de Turquie ». Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision NTV, A. Babacan a indiqué que l’invitation arménienne était toujours à l’étude, la réponse d’Ankara dépendant de la volonté de l’Arménie de tourner la page des contentieux. Le président Gül avait été parmi les premiers chefs d’Etat étrangers à féliciter S. Sarkissian pour son élection controversée du 19 février, et avec le premier ministre Recep Tayyip Erdogan et A. Babacan, il avait exprimé le souhait qu’un dialogue soit engagé entre Erevan et Ankara pour étudier les différends qui empêchent la normalisation des relations entre les deux pays.
Dans le même temps, l’adjoint au secrétaire d’Etat américain Matthew Bryza, qui est aussi le coprésident du Groupe de Minsk de l’OSCE en charge du processus de règlement du conflit du Haut Karabagh, a exprimé l’espoir que le président turc accepte l’invitation de son homologue arménien, qu’il a inscrite parmi les signes « encourageants » d’une tentative de rapprochement entre les deux pays, dont il a appelé les dirigeants à redoubler d’efforts en ce sens. « Je pense qu’ils ont vraiment une chance d’y parvenir » a ajouté le diplomate américain, qui a par ailleurs salué l’attitude « courageuse » du président Sarkissian dans ce délicat dossier. Le président arménien, qui était dans le collimateur des Occidentaux, et plus particulièrement des Américains, pour la violente répression exercée contre les manifestants de l’opposition dans les jours qui ont suivi son élection, semble avoir retrouvé un certain décret à Washington à la faveur de cette politique de rapprochement avec la Turquie. Dans une allusion à l’accord très controversé donné par S. Sarkissian récemment à la proposition turque d’une commission mixte turco-arménienne chargée d’étudier la question du génocide des Arméniens et d’autres sujets concernant les relations entre les deux pays, M. Bryza a déploré que « certaines personnes aient pris le parti de critiquer le président Sarkissian pour ce geste courageux alors que ces mêmes personnes avaient fait des propositions similaires », jetant ainsi une pierre dans le jardin de l’ancien président arménien et chef de l’opposition radicale Levon ter Pétrossian, qui avait en son temps prôné des concession à la Turquie. M. Bryza a toutefois précisé que les Etats-Unis ne prévoyaient pas de faire office de médiateur dans le dialogue arméno-turc.
La presse turque fait état de négociations secrètes entre les présidents Gül et Sarkissian
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