LE MONDE | 29.03.07 | 16h51 Mis à jour le 29.03.07 | 16h51
Trois mois après la suspension partielle par l’Union européenne des négociations engagées sur l’adhésion de la Turquie, les Vingt-Sept ont donné officiellement leur accord, mercredi 28 mars, à la reprise de discussions avec Ankara sur l’intégration de la législation communautaire dans le domaine « politique industrielle et entreprise ». Il s’agit du deuxième des trente-cinq chapitres que comprend le processus d’intégration.
Malgré l’opposition qui s’est manifestée dans plusieurs pays de l’Union, notamment en France et en Allemagne, à une adhésion de la Turquie, ces négociations s’étaient ouvertes en juin 2006. Elles ont ensuite été bloquées par le refus des Turcs d’appliquer à Chypre l’accord d’union douanière qui la lie à l’Union.
Cette reprise des discussions, qui avaient fait l’objet en décembre 2006 d’un compromis entre partisans et adversaires d’une adhésion turque au sein de l’UE, n’a pas suscité de réactions particulières.
MM. BAYROU ET SARKOZY OPPOSÉS À MME ROYAL
En France, où la question turque avait déclenché une violente controverse dans la campagne du référendum sur la Constitution européenne de 2005, Nicolas Sarkozy et François Bayrou, qui avaient pris position contre l’adhésion, ne semblent pas désireux d’en faire un thème de la présidentielle. Le candidat de l’UDF, dont les amis avaient été à la pointe du combat contre la Turquie, a réaffirmé dans un entretien au Monde, le 3 mars, que « son opinion n’a pas changé sur le fond », mais que la décision d’ouvrir les négociations ayant été prises, il ne s’y déroberait pas. « La chaise de la France ne restera pas vide », a-t-il dit.
C’est une position un peu similaire que défend M. Sarkozy, qui a entraîné l’UMP en 2005 à prendre le contre-pied de la position de principe favorable à une adhésion turque que le président Chirac a toujours défendu. L’UMP s’est rallié à la proposition de la chancelière Angela Merkel d’un partenariat privilégié. Ce changement de pied de sa propre majorité avait entraîné le chef de l’Etat à faire inscrire dans la Constitution que tout nouvel élargissement serait dans le futur soumis à référendum.
Seule des principaux candidats, Ségolène Royal a maintenu la position traditionnellement favorable de la France, jusqu’à ce retournement de la droite, au principe d’une intégration de la Turquie dans l’Union. « A terme, la Turquie a vocation à rejoindre l’Europe à condition qu’elle satisfasse aux critères d’adhésion, qui ne sont pas seulement économiques et comptables, mais également démocratiques », dit-elle dans les extraits de son livre d’entretien Maintenant publiés par Le Monde daté 25-26 mars. Elle y souligne qu' »un pays dont la majorité de la population est musulmane a parfaitement sa place dans une Europe qui n’est pas un club de nations chrétiennes (…) ».
Henri de Bresson et Guillaume Perrier (à Istanbul)
Article paru dans l’édition du 30.03.07.
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