L’opposition libanaise a remporté d’une très courte tête (418 voix sur 79 000) le siège parlementaire dévolu à la communauté maronite (catholique) dans la région du Metn nord, au nord-est de Beyrouth, d’après les résultats officiels, publiés lundi 6 août, de l’élection législative partielle de la veille dans cette région. En revanche, le candidat de la majorité a décroché haut la main et sans surprise le même jour le siège sunnite (musulman orthodoxe) qui était à pourvoir dans la seconde circonscription électorale de Beyrouth.
Camille Mansour Al-Khoury, membre du Courant patriotique libre (CPL) dirigé par le général Michel Aoun, a été élu dans le Metn nord, face à l’ancien président de la République et actuel président supérieur du parti des Kataëb (Phalanges), Amine Gemayel. Mohammed Al-Amine Mahmoud Itani, candidat du Courant du futur dirigé par Saad Hariri, l’a emporté à Beyrouth contre Ibrahim Al-Halabi, membre du petit Mouvement du peuple.
Ce double scrutin visait à élire des successeurs aux députés du Metn nord, Pierre Gemayel (fils du candidat Amine Gemayel), et de Beyrouth, Walid Eïdo, assassinés respectivement le 21 novembre 2006 et le 13 juin 2007. Le taux de participation a été bas (18,9 %) dans la capitale, où les dés étaient jetés d’avance. Il a en revanche été élevé (46,5 %) dans le Metn nord.
Au-delà du siège à pourvoir dans cette région à écrasante majorité chrétienne, les forces en présence testaient leur représentativité politique au sein de la communauté chrétienne, à quelques semaines d’une élection présidentielle dont le lauréat doit constitutionnellement être un maronite. Jusqu’à présent, le général Aoun revendiquait cette représentativité.
La majorité la lui conteste et s’estime politiquement victorieuse dans la mesure où les « voix maronites » se sont massivement portées sur M. Gemayel. Le candidat de l’opposition doit son succès à l’apport de 8 400 voix du parti arménien Tachnaq, chrétien certes, mais pas maronite.
Les opérations de vote se sont déroulées dans le calme. Tout a pourtant failli dégénérer lorsque, plusieurs heures avant l’annonce des résultats, chacune des deux forces en présence a revendiqué la victoire et accusé l’autre de graves irrégularités. Les appels au calme des responsables des deux bords et une zone tampon organisée par l’armée entre leurs partisans respectifs sur une place adjacente au centre de dépouillement des votes ont permis d’éviter l’affrontement.
Mouna Naïm
LE MONDE
Article paru dans l’édition du 07.08.07.
