La Russie a accusé l’Union européenne de tenter de l’évincer du Caucase du Sud, réagissant au déploiement d’une centaine d’observateurs de l’UE à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le ministère russe des Affaires étrangères a insisté sur le fait que la mission de surveillance, officiellement lancée lundi, ne réduira pas le risque de nouveaux combats à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
« Malheureusement, ce n’est pas la première fois que nous enregistrons la volonté de l’Union européenne et de l’Occident dans son ensemble de prendre pied en Arménie, notre alliée, par tous les moyens », a déclaré la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, dans des commentaires écrits.
« Nous voyons dans ces tentatives un arrière-plan uniquement géopolitique qui est loin des intérêts d’une réelle normalisation des relations en Transcaucasie. Tout est fait pour évincer la Russie de la région et affaiblir son rôle historique de principal garant de la sécurité », a-t-elle accusé.
Zakharova a réitéré la ligne officielle russe selon laquelle les accords arméno-azerbaïdjanais négociés par Moscou pendant et après la guerre de 2020 dans le Haut-Karabakh resteront « le facteur clé de la stabilité et de la sécurité dans la région dans un avenir prévisible. »
Moscou a déjà condamné les États membres de l’UE fin janvier, quelques jours seulement après qu’ils aient officiellement approuvé la mission de surveillance demandée par l’Arménie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a également réprimandé Erevan pour avoir refusé une mission similaire proposée par l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en novembre.
L’Arménie, membre de l’OTSC, a accusé à plusieurs reprises l’alliance militaire dirigée par la Russie de ne pas la défendre contre l' »agression militaire » azerbaïdjanaise.
Le ministre des affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a félicité l’UE pour l’envoi des observateurs lors de sa rencontre avec le chef de la mission de surveillance, Markus Ritter, et un autre haut fonctionnaire de l’UE, lundi. M. Mirzoyan s’est dit convaincu que la mission apportera une « contribution importante » à la stabilité régionale et à la sécurité des zones frontalières arméniennes.
Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a également déclaré sur Twitter que les observateurs « contribueront à la sécurité humaine, à l’instauration de la confiance sur le terrain et au soutien des efforts de l’UE dans le processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ».
Le déploiement de l’UE met en évidence les frictions croissantes entre Moscou et Erevan. Les relations russo-arméniennes se sont dégradées ces derniers temps, notamment en raison du blocus permanent par l’Azerbaïdjan de la liaison terrestre du Karabakh avec l’Arménie.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a accusé à plusieurs reprises les casques bleus russes de ne pas faire grand-chose pour débloquer cette route vitale. Moscou a rejeté ces accusations.
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