La Russie salue les efforts de médiation de la Turquie dans le Caucase

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Une fois n’est pas coutume, la Turquie et la Russie semblent sur la même longueur d’onde diplomatique face aux Etats-Unis, la situation dans le Caucase, au lendemain du conflit entre Russes et Géorgiens en Ossétie du Sud, ayant mis à rude épreuve l’alliance entre Ankara et Washington au sein de l’Otan. L’initiative d’Ankara, visant à associer la Russie à la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Turquie dans un « pacte de stabilité et de coopération » du Caucase a été en effet été pour le moins froidement accueillie par les Américains, désireux de rallier leurs alliés à ma mise en œuvre de sanctions contre la Russie, alors que Moscou s’en est au contraire félicitée. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, tout en accusant le 3 septembre les pays e l’Otan de fournir des armées à la Géorgie, avait salué la position jugée « constructive » de la Turquie, qui ne semble pas disposée à sacrifier ses liens énergétiques et commerciaux avec la Russie sur l’autel de la solidarité avec son voisin et ami géorgien. Tout en admettant que la Russie et la Turquie avaient des approches différentes concernant l’intégrité territoriale de la Géorgie, le chef de la diplomatie russe a& apporté son soutien à la proposition turque visant à mettre en œuvre des mécanismes de coopération dans la région du Caucase. Lors d’une visite à Istanbul, M. Lavrov a énoncé des propositions concrètes pour régler les problèmes auxquels font face les exportateurs turcs dans les douanes russes où leurs produits avaient été bloqués, Moscou ayant voulu dissuader la Turquie de marquer un soutien trop appuyé à la Géorgie. La Russie avait été tout particulièrement irritée par le fait que la Turquie laisse passer par le détroit des Dardanelles des navires de guerre américains officiellement chargés d’aide humanitaire à destination de la Géorgie. Dans une conférence de presse aux côtés de son homologue turc Ali Babacan, Lavrov avait indiqué que le contrôle strict exercé par les douaniers russes sur les importations turques n’aurait aucune motivation politique, une affirmation qui semble pourtant peu crédible, alors que des files de camions turcs s’allongent depuis les dernières semaines aux postes frontières avec la Russie. M. Lavrov a par ailleurs souligné que les engagements de la Turquie au sein de l’Otan n’étaient aucunement un obstacle au développement des relations entre Ankara et Moscou, en adressant au passage un satisfecit à la Turquie, qui « ne s’est jamais servi de son appartenance à l’Otan pour violer les règlements internationaux ». « Tout en restant fidèle à l’Otan, la Turquie n’a jamais oublié ses engagements auprès de l’Onu ou de l’OSCE » a déclaré M. Lavrov, en saluant la position turque sur le règlement maritime dans le Bosphore et en mer Noire. Alors que M. Babacan soulignait l’importance de l’intégrité territoriale de la Géorgie, en ayant aussi à l’esprit celle de son allié et cousin l’Azerbaïdjan, en butte au séparatisme des Arméniens du Haut Karabagh, son homologue russe maintenait que la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie constituait le seul moyen d’assurer la survie des peuples de ces deux régions. « Nous devons respecter nos différences » a ainsi rappelé M. Lavrov en évoquant les divergences de vue entre la Russie et la Turquie, dont il s’est félicité qu’elles ne revêtent pas un caractère passionnel et qu’elles n’affectent pas leurs relations de bon voisinage, comme on a pu le constater quand la Turquie a reconnu l’indépendance du Kosovo, a poursuivi le chef de la diplomatie russe, non sans souligner que la « Russie est fidèle au principe de l’intégrité territoriale », mais est aussi soucieuse de la « sécurité des peuples ». Ces divergences ne devraient pas manquer de surgir au sein du pacte de stabilité proposé par la Turquie si toutefois il se concrétise. M. Lavrov a salué les efforts de la Turquie pour réduire les tensions dans la région et a ajouté que les représentants de la Russie et de la Turquie devraient coopérer pour jeter les bases de cette nouvelle initiative commune, « fondée sur le sens commun », tout en rappelant que les pays du Sud Caucase devraient régler eux-mêmes leurs problèmes plutôt que d’attendre que d’autres leur imposent des solutions. Pour la Russie, le pacte de stabilité proposé par la Turquie, dont le président Abdullah Gül devrait d’ailleurs en exposer les grandes lignes à son homologue arménien Serge Sarkissian à l’occasion de sa visite historique à Erevan le 6 septembre, a manifestement pour seul grand mérite d’exister… et d’enfoncer un coin, aussi ponctuel soit-il, entre la Turquie et les Etats-Unis alors que le conflit russo-géorgien impose un nouvel équilibre des forces au sud du Caucase. La Russie cherche à reprendre l’avantage, en mettant de côté les rivalités traditionnelles avec la Turquie, et c’est dans cette perspective qu’elle a vivement encouragé le réchauffement diplomatique entre son allié arménien et Ankara, auquel les Etats-Unis et l’Occident ne peuvent d’ailleurs qu’applaudir.

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Author: raffi

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