La Russie a annoncé vendredi son intention de « normaliser » ses relations tendues avec la Géorgie, une proposition fraîchement accueillie par ce pays du Caucase qui accuse Moscou de vouloir annexer une partie de son territoire.
Le président russe Vladimir Poutine a ordonné la levée de sanctions encore en vigueur contre la Géorgie en vue d’une « normalisation » de ses relations avec Tbilissi.
Ces mesures comprennent le rétablissement prochain des liaisons postales, l’élimination des restrictions encore en vigueur sur la délivrance de visas russes aux Géorgiens et des « consultations » sur l’accès des produits géorgiens au marché russe.
« Il s’agit de la poursuite de notre politique conséquente visant à éliminer toutes les restrictions qui entravent le développement socio-économique de la région, la libre circulation des personnes et la coopération entre les peuples », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
Mais ces déclarations interviennent deux jours après l’annonce d’un renforcement de la coopération entre Moscou et les « autorités de fait » des régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, situées en Géorgie, qui a provoqué l’inquiétude en Occident et la colère de Tbilissi.
Ces républiques qu’aucun pays ne reconnaît, pas même la Russie, ont déclaré unilatéralement leur indépendance à la chute de l’URSS au début des années 1990 et Moscou y a depuis largement octroyé des passeports russes à la population locale.
La Géorgie a immédiatement réagi vendredi, battant froid les propositions russes qu’elle a jugées « vides de sens » tant que la Russie soutiendra ces régions. « La Russie essaye d’annexer un tiers du territoire de la Géorgie et propose d’améliorer ses relations avec les deux tiers restants », a ironisé le chef de la diplomatie géorgienne David Bakradzé.
« Les relations doivent être améliorées avec la Géorgie entière, unifiée, sans quoi cette proposition (de Moscou) est vide de sens et n’est que la conséquence des vives condamnations des actions de la Russie par la communauté internationale », a estimé le ministre.
L’annonce par Moscou d’un resserrement de ses liens avec les deux régions indépendantistes avait suscité dès mercredi des réactions de l’Otan, qui avait appelé la Russie à faire marche arrière, et de l’UE, qui avait exprimé sa « préoccupation » tandis que Washington avait indiqué qu’il allait « examiner » cette décision.
Ces réactions se sont durcies vendredi, Washington et l’Union européenne appelant désormais la Russie à revenir sur sa décision.
La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, s’est ainsi déclarée « très inquiète » des tensions entre la Russie et la Géorgie, précisant avoir téléphoné à son homologue russe Sergueï Lavrov.
En octobre 2006, la Russie avait suspendu ses liaisons aériennes, terrestres et maritimes avec Tbilissi, après l’arrestation en Géorgie de quatre officiers russes pour « espionnage ». Moscou avait aussi instauré la même année un embargo sur l’importation des eaux minérales et des vins géorgiens.
Les liaisons aériennes, terrestres et maritimes ont été depuis rétablies fin mars mais une série de restrictions dans d’autres domaines demeurent.
Les relations entre Moscou et cette ex-république soviétique sont tendues depuis l’arrivée au pouvoir en 2003 du pro-occidental Mikheïl Saakachvili qui ambitionne de faire entrer son pays dans l’Otan.
La Géorgie soutenue par les Etats-Unis n’a pas obtenu le statut de candidat officiel qu’elle réclamait au sommet de l’alliance militaire occidentale à Bucarest début avril, mais a recueilli l’engagement d’être admise au sein de l’Alliance à plus long terme. Moscou est farouchement opposé à ce projet.