La Sûreté d’Istanbul mise en cause dans l’assassinat de Hrant Dink

Se Propager
arton52126

Dans l’affaire Hrant Dink, un rapport du ministère turc de l’Intérieur accuse. La police d’Istanbul n’a rien fait pour protéger le journaliste arménien.

Les trois inspecteurs du ministère turc de l’Intérieur sont formels : la Direction de la Sûreté d’Istanbul n’a pas fait son travail, qui est de protéger les citoyens de ce pays et leurs biens.

Près de deux mois d’enquête interne dans les services de sécurité d’Istanbul et d’Ankara, leur verdict est sans appel : le Directeur Celalettin Cerrah et son chef des renseignements Ahmet Ilhan Güler se sont rendus coupables de négligence dans l’affaire du meurtre du journaliste d’origine arménienne Hrant Dink. Et si leur rapport ne demande pas expressément que le premier soit relevé ou démis de ses fonctions, il stipule en revanche que le second devrait être jugé. La décision concernant Celalettin Cerrah, éminemment politique, reviendra donc au gouvernement celle sur Ahmet Ilhan Güler, qui ne l’est pas moins, incombe à la Justice.

L’enquête rappelle en effet que les services de sécurité stanbouliotes avaient été informés onze mois auparavant qu’un attentat se préparait contre Hrant Dink et que le rédacteur en chef du journal « Agos » avait régulièrement dans ses articles évoqué les menaces de mort qu’il recevait.

M. Cerrah et le gouverneur d’Istanbul ont eu beau affirmer, dès le lendemain du 19 janvier, qu’ils n’avaient jamais reçu de demande de protection concernant le journaliste, le Patriarcat arménien les a récemment démentis, affirmant avoir fait une demande écrite à ce sujet et pour d’autres personnalités ou institutions de la communauté arménienne. Les inspecteurs notent aussi que la Cour européenne des droits de l’homme avait mis en demeure la Turquie de protéger les personnes menacées de possibles attentats. Ils laissent enfin entendre à mots à peine voilés, rapporte le journal « Hürriyet » qui s’est procuré ce document, qu’à la lumière de ces graves manquements, il paraît difficile que le Directeur de la Sûreté conserve ses fonctions.

Les conclusions de ce rapport, cinglant camouflet pour la police turque, seront envoyées au haut conseil de discipline de la police qui statuera sur le sort des deux hommes. C’est une première victoire pour les avocats de la famille de l’intellectuel arménien, qui commençaient à s’impatienter d’une enquête judiciaire particulièrement discrète et prudente. Ils avaient d’ailleurs la semaine dernière saisi le juge d’instruction pour lui demander d’élargir ses investigations aux  »véritables auteurs » du crime qui a bouleversé la Turquie.

Pour eux, limiter le champ des interrogatoires et des poursuites aux seuls onze jeunes malfrats issus de familles modestes actuellement écroués (parmi lesquels le tueur présumé, qui a reconnu les faits), serait scandaleux et inacceptable, ont-ils prévenu.  »La vraie nature de ce meurtre ne peut rester cachée comme les affaires similaires qui, par le passé, n’ont jamais été résolues », a indiqué l’avocat Bahri Bayram Belen.

La révélation de « Milliyet »

Brandissant une copie de la note d’information secrète émanant des services du gouverneur de Trabzon (d’où sont originaires la plupart des complices présumés) informant la hiérarchie et la Sûreté d’Istanbul du complot en préparation, il demande que le juge  »entende les responsables de la sécurité des provinces de Trabzon, d’Istanbul, d’Ankara et d’Izmir ». Un soupçon encore renforcé vendredi par le journal « Milliyet » selon lequel l’un des complices présumés, proche des milieux ultranationalistes et informateur non démenti des services de sécurité (police et gendarmerie) aurait eu des dizaines de contacts téléphoniques avec la Direction de la Sûreté dans les semaines précédent le meurtre, et y compris le jour même.

© La Libre Belgique 2007

JÉRÔME BASTION CORRESPONDANT À ISTANBUL

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut