Le porte-parole du gouvernement turc a démenti lundi qu’Ankara ait imposé des restrictions douanières à la Russie en réplique à des restrictions russes, comme l’avait annoncé quelques heures plus tôt le ministre turc du Commerce.
« Nous sommes deux pays voisins qui ont de bons rapports et des relations économiques mutuellement bénéfiques. C’est pour cela que je crois que le problème actuel sera résolu par le dialogue », a déclaré le vice-Premier ministre turc Cemil Cicek, qui est également le porte-parole du gouvernement.
Les douanes russes soumettent depuis près d’un mois les camions turcs à des inspections intensives, ce qui les contraint à des attentes à la frontière de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon les médias turcs.
Lundi, le ministre turc du Commerce, Kursat Tüzmen, a affirmé que la Turquie avait commencé, en représailles, à soumettre les marchandises russes à des inspections détaillées à la frontière.
« Nous devions répondre aux restrictions imposées aux exportations turques, que nous ne pouvons pas comprendre », a déclaré M. Tüzmen, cité par l’agence de presse turque Anatolie, en marge d’une foire commerciale internationale à Pékin.
Mais M. Cicek a ensuite indiqué que M. Tüzmen avait demandé que des mesures de rétorsion soient prises par Ankara, mais que le gouvernement n’avait pas encore approuvé une telle mesure.
« Nous ne lui avons pas donné une réponse positive », a-t-il déclaré.
La question des contrôles douaniers sera discutée en détail mardi au cours d’une rencontre à Istanbul entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc Ali Babacan, a indiqué M. Cicek.
Des diplomates turcs en poste à Moscou discutent également de cette question avec les responsables russes, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a averti au cours du week-end que la Turquie ne pouvait pas se permettre de compromettre ses liens commerciaux avec la Russie, d’autant moins qu’elle est très dépendante de ce pays dans le domaine de l’énergie.
« Les deux tiers de l’énergie dont nous avons besoin proviennent de Russie », a déclaré M. Erdogan, cité par les médias. « Des firmes turques ont procédé à des investissements significatifs en Russie. Nous ne pouvons pas l’ignorer. »
Le volume du commerce bilatéral entre la Russie et la Turquie a atteint l’année dernière 28,2 milliards de dollars (18,9 milliards d’euros). La Russie fournit à la Turquie 63% de son gaz naturel et 29% de son pétrole.
Selon des spéculations des médias turcs, les restrictions douanières russes pourraient avoir été instaurées en représailles au soutien exprimé par la Turquie à la Géorgie lors du conflit d’Ossétie du Sud.
Ankara s’est prononcé en faveur de l’intégrité territoriale de la Géorgie, sans condamner ouvertement l’intervention russe.
La Russie a été particulièrement irritée par la décision d’Ankara de laisser deux navires militaires américains entrer en mer Noire par les détroits des Dardanelles et du Bosphore pour apporter de l’aide humanitaire à la Géorgie.
Moscou a estimé que cette mission humanitaire pouvait masquer une escalade de la présence militaire américaine dans la mer Noire.
L’Otan a rejeté cette accusation. Ankara a déclaré que l’entrée des navires américains s’était faite en conformité avec la convention de Montreux, qui régit la présence de navires militaires en mer Noire.
