La Turquie, le Kurdistan et les chrétiens

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mercredi 05 mars 2008 par Pierre de Charentenay (*)

La Turquie, le Kurdistan et les chrétiens

Quatre jours après le retrait des troupes turques du Kurdistan, où elles ont pourchassé les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) retranchés en Irak, le calme semble revenu dans cette région. Ankara, qui estime à 4 000 le nombre d’éléments du PKK disséminés dans le nord de l’Irak, voudrait affaiblir durablement un mouvement qui menace l’intégrité de la Turquie depuis 1984.

Il faut rappeler que, au Kurdistan, un gouvernement autonome assure la sécurité, faisant de cette région un modèle pour l’avenir de l’Irak tout entier. Des chrétiens y habitent depuis des siècles, des Chaldéens qui parlent araméen. Ils ont été victimes de Saddam Hussein et ont dû quitter ce territoire dans les années 70. Ils y reviennent depuis quelques années, chassés par la violence qui règne à Bagdad, à Mossoul et dans les villes du sud de l’Irak.

Membre de la délégation de Pax Christi, qui a parcouru le nord de l’Irak du 11 au 19 février, j’ai rencontré ces communautés qui sont, pour la plupart, privées d’avenir, mais qui avaient, au moins, une zone de paix et des soutiens financiers minimums. 200 000 chrétiens, dont 100 000 réfugiés, vivent sur ce territoire. Aujourd’hui, ils subissent une nouvelle instabilité, avec l’intervention militaire turque. Ce n’est pas la première fois, puisque les Turcs avaient envahi le nord de l’Irak, avec 35 000 hommes, en 1995.

Mais les conditions ont changé depuis treize ans. Les Américains sont intervenus dans le pays. Saddam Hussein a disparu. Et, surtout, le Kurdistan irakien a renforcé son organisation interne et ses capacités d’autonomie. Beaucoup d’experts, y compris aux États-Unis, pensent que cette action militaire est beaucoup plus large que la simple recherche de quelques terroristes cachés dans les montagnes. Car le Kurdistan irakien, désormais pacifique et organisé, représente un modèle pour tous les Kurdes de la région, ceux d’Iran, mais surtout ceux de Turquie. Les premières victimes de l’opération turque seront les chrétiens, car ils sont fragilisés dans leur statut de réfugiés. Qui viendra les aider dans un territoire contrôlé par les Turcs ? Qui viendra investir pour relancer l’agriculture, construire des petites entreprises, animer des ateliers de production, organiser le commerce ?

Après cinq ans de guerre en Irak, un scénario se dessinait, celui d’une partition du territoire irakien où le Kurdistan aurait sa part d’autonomie. Dans cette région, les chrétiens étaient bienvenus ; ils pouvaient même songer à une région de référence chrétienne au nord-ouest de la province. Le ministre des Finances, Sarkis Algajan, y travaille depuis des années pour construire avec succès de nombreux villages. La stabilité et la sécurité commençaient à leur permettre de projeter un établissement permanent dans cette zone, même si les jeunes ne pensent qu’à une chose : s’en aller le plus loin possible de ces terres agitées pour retrouver des parents en Amérique ou dans des pays d’Europe.

Après les violences de Saddam Hussein, après celles de la guerre américaine, les chrétiens du Kurdistan supportent une nouvelle instabilité. Il revient à l’Union européenne d’intervenir pour que cessent des violences dont les chrétiens sont une fois encore les victimes.

(*) Rédacteur en chef de la revue Études.

Pierre de Charentenay (*)

Ouest-France – Rennes,France

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Author: raffi

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