La Turquie entrera dans l’Union européenne si elle remplit tous les critères d’adhésion, a assuré lundi le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn, voulant ainsi rassurer les Turcs sur leurs chances de devenir membre du club européen.
«Oui, si la Turquie remplit toutes les conditions d’adhésion à la fin de ce voyage long et parfois difficile, la Turquie deviendra membre de l’UE», a déclaré M. Rehn lors d’un débat avec le négociateur en chef turc Ali Babacan.
«Si la Turquie, dans dix ou quinze ans, devient une Turquie européenne et moderne, où les valeurs démocratiques et l’État de droit sont respectés, je suis sûr que nous pourrons gagner les coeurs et les esprits des Européens et réussir le processus de ratification, même par referendum», a-t-il ajouté.
Le commissaire a fait ces déclarations alors les opinions publiques européennes sont de plus en plus hostiles à la Turquie, notamment en France où son adhésion devra être ratifiée par referendum. Les Turcs de leur côté doutent de plus en plus que l’UE veuille réellement l’accueillir.
«Quand il y a des questions comme Chypre sur la table ou quand les Turcs entendent une rhétorique antiturque dans certains États membres, surtout dans ceux où des élections vont avoir lieu (…), le sentiment (pour les Turcs) de ne pas être désirés est de plus en plus évident», a commenté M. Babacan.
Concernant la situation actuelle des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, menacées en raison du refus d’Ankara d’ouvrir ses ports et aéroports aux navires et avions chypriotes grecs, le commissaire s’est voulu optimiste.
«Nous avons jusqu’à présent été capables d’éviter un déraillement et de mon point de vue, nous avons toujours une chance de l’éviter en décembre, à condition que nous fassions tous ce que nous avons à faire», a insisté M. Rehn.
Les 25 doivent discuter durant leur sommet des 14 et 15 décembre prochains de l’éventualité d’une suspension, partielle ou totale, des négociations d’adhésion de la Turquie, commencées en octobre 2005.
Ali Babacan a dit qu’il ne s’attendait pas à ce que l’UE soit «juste» concernant Chypre.
«Il y a des questions comme Chypre sur lesquelles l’UE ne peut plus être objective. Nous n’attendons plus de l’UE, en tant qu’entité de 25 États membres, qu’elle soit juste», a-t-il déclaré, regrettant que l’UE ait «importé» le problème chypriote en faisant entrer dans l’UE la seule partie sud de l’île en 2004.
Le négociateur turc a répété que la Turquie ne prendrait aucune action «unilatérale» pour résoudre le problème, c’est-à-dire qu’elle n’ouvrirait pas ses ports aux navires chypriotes grecs sans sortie de l’isolement de la partie nord de l’île divisée depuis 1974.
La Commission espère toujours de son côté que le plan de la présidence finlandaise de l’UE pour trouver un compromis sur Chypre pourra éviter une crise.
«Nous avons toujours une chance», a assuré M. Rehn, qui a également tenu à rappeler l’«importance stratégique» de la Turquie.