La Turquie prétend vouloir engager un dialogue sans conditions avec l’Arménie en vue de normaliser les relations avec l’Arménie, il n’en reste pas moins qu’elle continuera à informer son allié azerbaïdjanais de l’évolution de ce processus et qu’elle continuera à œuvrer en ce sens en coordination avec Bakou, a rappelé jeudi 10 février le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu. “Nous n’avons pris ni ne prendront aucune mesure sans avoir consulté l’Azerbaïdjan”, a indiqué Cavusoglu interrogé par la télévision d’Etat turque. “L’Azerbaïdjan aussi comme nous voudrait communiquer directement avec l’Arménie, sans médiateurs, car certaines questions requièrent un dialogue direct”, a-t-il précisé. “Ce problème au Sud Caucase a pris fin avec la victoire de l’Azerbaïdjan au Karabagh. Nous avons aujourd’hui besoin de paix et de coopération”, a ajouté le chef de la diplomatie turque, en soulignant que l’issue de la guerre de 2020 était à la fois une “leçon et une opportunité” pour l’Arménie. Des responsables turcs et arméniens se sont réunis le mois dernier pour le premier tour des négociations sur la normalisation de leurs relations bilatérales. Ils ont prévu de se rencontrer à nouveau le 24 février. Depuis trois décennies, Ankara le l’établissement de relations diplomatiques avec Erevan et l’ouverture de la frontière turco-arménienne à un règlement du conflit du Haut-Karabagh qui soit acceptable pour l’Azerbaïdjan. Ces derniers mois, les leaders turcs ont multiplié les déclarations conditionnant la normalisation des relations turco-arméniennes à l’acceptation par l’Arménie d’un corridor qui relierait via le sud de son territoire l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan et au-delà à la Turquie. Cavusoglu a lui aussi mentionné ce prétendu “corridor du Zanguézour ” dans sa dernière intervention télévisée, au cours de laquelle il a aussi souligné l’importance d’un « traité de paix » arméno-azerbaïdjanais qui selon Bakou doit engager l’Arménie à reconnaître la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Karabagh ou ce qu’il en reste après les amputations territoriales dues à la guerre. Erevan continue à souligner le ’ droit à l’auto-détermination » des Arméniens du Karabagh et à exclure l’idée de quelque corridor exterritorial traversant le territoire internationalement reconnu de l’Arménie. Mais le premier ministre arménien Nikol Pachinian a néanmoins affirmé mercredi lors d’une séance de questions au gouvernement au Parlement arménien l’importance d’un traité de paix avec l’Azerbaïdjan qu’il serait prêt à signer en fonction des termes proposés et qui est l’enjeu du processus de dialogue arméno-turc comme les rencontres arméno-azéries sur la démarcation de la frontière commune. Les pourparlers turco-arméniens étaient à l’ordre du jour de la conversation téléphonique qu’a eue Cavusoglu le 8 février avec le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Le porte-parole du Département d’Etat américain Ned Price a indiqué qu’ils avaient discuté “des mesures additionnelles que les Etats-Unis pourraient prendre pour soutenir ces efforts”, sans donner plus de détails. Commentant cet entretien téléphonique, Cavusoglu a pour sa part déclaré qu’il avait demandé à Washington d’encourager les organisations arméno-américaines à soutenir le dialogue entre Ankara et Erevan.
