La Turquie reporte la conférence prévue sur le génocide arménien

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La conférence sur le génocide arménien qui devait se tenir en Turquie de mercredi à vendredi a été reportée suite aux pressions du ministre turc de la Justice qui a qualifié les organisateurs de traîtres. Cette rencontre, intitulée « Les Arméniens ottoman dans le déclin de l’Empire, responsabilité scientifique et démocratie », devait avoir lieu à l’université du Bosphore à Istanbul en association avec deux autresfacultés, celles de Bilgi et de Sabanci.

Un débat sur la position officielle turque concernant le génocide était donc prévu, pour la toute première fois en Turquie. Des centaines de participants, et notamment des universitaires étrangers, devaient participer à la conférence.

Mardi, Cemil Cicek, ministre turc de la Justice, a critiqué cette initiative devant le Parlement. Il a expliqué qu’elle allait à l’encontre des efforts du gouvernement qui tente par tous les moyens d’enrayer la lutte des Arméniens pour la reconnaissance du génocide. « Certains disent qu’il n’y a pas de liberté. Eh bien, il y a la liberté de poignarder les gens dans le dos et de proférer des mensonges, a déclaré Cemil Cicek. Nous devons mettre un terme à cette phase de propagande (?) de trahison contre la nation turque par des personnes qui en font partie ». Selon l’agence de presse Reuters un diplomate de l’UE qui a souhaité garder l’anonymat a qualifié les remarques de M. Cicek d’« incroyables » ajoutant « Il tue non seulement la politique du gouvernement sur la question arménienne. Il tue également le soutien de l’UE à la Turquie ». De son côté, Sukru Elekbag, député du parti du
peuple républicain et ancien ambassadeur a qualifié la
conférence de « projet déloyal » destiné à camoufler la propagande pro-arménienne sous « l’apparence de la recherche » scientifique.

Les organisateurs de la conférence avaient déclaré dans un communiqué de presse qu’il « était grand temps que des intellectuels et des académiciens turcs joignent leurs voix contre la version officielle »
des massacres des Arméniens. « L’expression d’opinions critiques et alternatives va bénéficier à la Turquie, car cela va montrer la richesse de pensées de la société turque actuelle », précisait la déclaration.

Suite au report, le journal Hurriyet a écrit : «
l’intelligentsia a tiré la sonnette d’alarme concernant une rencontre dédiée à la question arménienne et a déclaré la guerre à cette rencontre avant même qu’elle ne commence ».

Le professeur Ilber Ortayli, de l’université de Galatasaray, a condamné les organisateurs de la conférence. « Tous les scientifiques invités travaillent pour un même camp connu. Il est impossible d’avoir des discussions saines dans ces conditions. Je comprends qu’ils n’aient pas invité le président de lafondation historique turque, Yusuf Halacoglu, mais ils
n’auraient pas du éviter le spécialiste des lois internationales Gunduz Aktan. Les questions législatives vont être traité par le philosophe anglais, Murad Belge. Notre pays est démocratique et
chacun fait ce qu’il veut
», avait-il déclaré. «
Ortayli a affirmé que tous les invités étaient d’un
même camp,
a souligné Belge. Oui en effet. Il ne fait plus partie de ce camp car il en a préféré un autre. Et il sait que ces propos sont faux. Mais son choix ne laisse pas d’autres alternatives ». Halacoglu a accusé les organisateurs de « déserter vers la diaspora arménienne ». « Ceux qui
expriment la théorie des Arméniens sont invités où je ne le suis pas. Si j’exprime la position officielle, eux suivent celle de la diaspora
».

Halil Berktay a répondu à toutes ces critiques au nom
du comité organisateur. « La thèse officielle était
quasiment l’idéologie dominante en Turquie pendant des
décennies. La plupart d’entre nous ont appris chaque
phrase par coeur. Il n’y a donc aucun intérêt à ce que
Eleqdag ou Halacoglu viennent à la conférence pour
nous faire des  »
révélations « . Que les partisans de
la version officielle nous laisse prendre de la
distance vis-à-vis de foutaises auxquelles même eux ne
croient pas. Il y a de nombreuses conférences sur le
génocide arménien dans notre pays. Mais toute avec
qu’un seul camp : des historiens non indépendants sont
invités pour chacune d’entre elles
« ».

Muge Gocek, professeure de sociologie à l’université
du Michigan, s’est dit déçu par ce report. « Cela
aurait été un forum montrant que la démocratie
fonctionnait en Turquie et que des voix différentes
pouvaient être entendues
».
Enfin, pour Hrant Dink, rédacteur de l’hebdomadaire arménien Agos et participant à la conférence « ceci renforce la main de ceux de l’extérieur qui disent la Turquie n’a pas changé, elle n’est pas assez démocratique pour discuter de la question arménienne «  concluant  » cela montre également qu’il y a une différence entre ce que le gouvernement indique et ses intentions ».

raffi
Author: raffi

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