La Turquie a décidé de suspendre ses relations militaires avec la France à la suite de l’adoption par les députés français d’une loi punissant la négation du génocide arménien, a annoncé mercredi soir le commandant des forces terrestres turques.
« Les relations avec la France dans le domaine militaire ont été suspendues », a déclaré à des journalistes à Ankara le général Ilker Basbug, cité par l’agence de presse officielle turque Anatolie.
Interrogé pour savoir si des visites de responsables militaires ou de la défense allaient être annulées, le général Basbug a déclaré: « il n’y a aucune visite de haut niveau entre les deux pays ».
Le responsable militaire s’exprimait lors d’une réception donnée en l’honneur de la fondation de la République chypriote turque, qui a fait sécession du reste de l’île en 1974 et qui n’est reconnue que par la Turquie.
Interrogés dans la soirée à Paris, les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères ne faisaient aucun commentaire dans l’immédiat.
La France et la Turquie sont toutes deux membres de l’OTAN, et Ankara achète régulièrement des armes de fabrication française. Les deux pays ont également participé à des exercices militaires conjoints et ont envoyé des troupes pour servir dans la FINUL, la force internationale des Nations unies au Liban.
Dans le passé, à l’occasion de différends similaires portant sur le génocide arménien, l’armée turque a déjà inscrit plusieurs firmes françaises sur des listes noires.
La décision turque de suspendre ses relations militaires avec la France risque de compliquer encore un peu plus les négociations d’adhésion d’Ankara avec l’Union européenne.
Le 12 octobre, l’Assemblée nationale française a adopté à une large majorité une proposition de loi de l’opposition socialiste punissant la négation du génocide de 1915, et ce malgré l’hostilité du gouvernement français et les pressions d’Ankara.
La proposition de loi doit encore être approuvée dans les mêmes termes par le Sénat pour entrer en vigueur, et le texte n’est pas inscrit à l’ordre du jour de la Haute Assemblée.
L’article unique de la proposition punit de peines allant jusqu’à cinq ans de prison et 45.000 euros d’amende ceux qui contesteront l’existence du génocide arménien, qui a fait 1,5 million de morts entre 1915 et 1923. Le texte complète la loi du 29 janvier 2001, par laquelle la France a reconnu officiellement ce génocide.