Près d’une centaine de personnes ont assisté vendredi à la réunion-débat organisée par Nouvelles d’Arménie et l’UGAB sur le thème : « Quelle place pour les minorités dans le Sud-Caucase et au Moyen-Orient » à la mairie du Ve arrondissement. Cette soirée, intégrée dans le cadre du «Village Arménien» qui vivra sur la place du Panthéon les 23 et 24 mars a, comme il se devait, donné son sens politique à cette manifestation parrainée par le CCAF, subventionnée par la région Île-de-France, et prise en charge par l’UGAB-France. Ambitionnant de faire mieux connaitre l’Arménie aux Parisiens, qui n’ont eu jusqu’à présent droit qu’à des « villages azerbaïdjanais », cette initiative ne pouvait faire l’économie d’un exposé sur la situation difficile de ce peuple dans une région où continuent de souffler les vents mauvais du panturquisme, du djihadisme et des totalitarismes.
Les 4 invités venus débattre de ce sujet (Béviran Firat, coordinatrice du mouvement des femmes kurdes en France, Patrick Karam Vice-président du Conseil régional d’île de France, président de la Chrédo, Hovannes Kévorkian : représentant de la République d’Artskah en France et Guillaume Perrier : écrivain, journaliste, réalisateur), ont dressé un constat accablant de la situation. Un siècle après le génocide arménien, ces derniers et, avec eux l’ensemble du monde chrétien au Moyen-Orient, continuent d’être confrontés à des menaces pesant sur leur droit à l’existence. Au terme d’un brillant exposé Patrick Karam n’a pas hésité à cet égard à qualifier de « génocidaire » la condition des chrétiens dont la présence dans la région s’est réduite comme peau de chagrin tout le long du XXe siècle. Une définition qui a toutefois soulevé les réserves de Guillaume Perrier, qui tout en reconnaissant l’extrême gravité de la situation, a invité à ne pas galvauder à l’excès le terme de génocide, ce dernier correspondant à un état de fait précis comme par exemple l’extermination planifiées des Arméniens en 1915.
La problématique des Kurdes, fer de lance de la lutte contre Daech, dont les droits sont bafoués dans les 4 états où ils sont répartis, et notamment en Turquie, a été quant a elle évoquée avec pertinence par Berivan Firat. Cette militante a en particulier souligné l’implication commune dans les combats contre le djihadisme, de chrétiens, de Kurdes et d’Arabes musulmans, et a plaidé pour la tolérance et la cohabitation démocratique entre les différentes cultures. Mais, à l’évidence, il y a encore loin de la coupe au lèvres pour parler de convergence des luttes entre divers peuples qui souffrent pourtant de maux comparables.
Enfin Hovig Guévorguian, faisant d’une certaine manière écho aux propos de Bérivan Firat en parlant de la lutte héroïque des Arméniens du Karabagh face à un ennemi réputé plus puissant, a dénoncé les obstacles à la construction de la paix dans ce conflit, laquelle passe, pour le moins, par les participations des principaux intéressés, à savoir les Artsakhiotes au processus de négation. Une cause qu’il était important de faire résonner dans une mairie parisienne, à l’heure où des procès administratifs sont intentés contre contre des municipalité françaises ayant signées des chartes d’amitié avec l’Artsakh.
Le débat, animé par Marie-Aude Panossian, journaliste à NAM, s’est terminé par les questions de la salle, composée essentiellement d’Arméniens. On a les majorités que l’on peut…
