L’AKP veut gouverner seule la Turquie, sans s’allier aux « indépendants »

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ISTANBUL CORRESPONDANCE

L’assassinat, lundi soir 16 juillet à Istanbul, quelques jours avant les élections législatives du 22 juillet, de l’un des quelque 7 000 candidats qui s’y présentent n’a guère bouleversé la campagne électorale. Mais il en a éclairé l’un des coins sombres : selon la police, le candidat Tuncay Seyranlioglu, un homme d’affaires poursuivi pour fraude, devait de l’argent à ses assassins, arrêtés mardi.

M. Seyranlioglu était l’un des 700 candidats « indépendants », les autres relevant des quatorze partis en lice. Ces « indépendants » se répartissent en « indépendants kurdes », en « vrais indépendants » et en… « indépendants commerciaux ». Le défunt faisait apparemment partie de cette dernière catégorie, la plus nombreuse : ses candidats recouvrent parfois leur mise en vendant, avant le scrutin, « leurs » centaines ou milliers de voix (clans, tribus, groupes mafieux ou autres) à de « vrais » candidats.

Mais le fait marquant de ce scrutin est la présence des deux autres sortes d' »indépendants » – les Kurdes nationalistes qui devraient revenir au Parlement après une absence de seize ans, et les démocrates, comme l’intellectuel Baskin Oran, qui veulent pallier la dérive nationaliste des diverses « gauches » turques. Elus, ils pourraient avoir un rôle pivot décisif dans la prochaine Assemblée, ou du moins y générer de nouvelles idées… ou de nouvelles crises.

Pour l’instant, celle qui a secoué la Turquie en avril-mai est assoupie : la convocation du scrutin anticipé a calmé les passions. En Turquie, on respecte les urnes. Mais selon les résultats, le pays peut, ou non, renouer avec la crise.

L’enjeu n’a jamais été de savoir si le Parti de la justice et du développement (AKP), le parti « post-islamiste » du premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, va gagner. Les sondages indiquent qu’il devance toujours largement ses adversaires – du jamais vu pour un parti turc après quatre ans et demi au pouvoir. L’incertitude est de savoir s’il aura assez de sièges pour continuer à gouverner seul, et surtout pour élire un président de la République de son choix, ou s’il lui faudra pour cela s’allier à d’autres. C’est-à-dire aux « indépendants ».

PROMESSE DE M. ERDOGAN

Car nul n’imagine ces anciens islamistes, devenus globalistes et pro-occidentaux, s’allier à l’un des deux autres partis qui devraient entrer au Parlement : le Parti républicain du peuple (CHP) des vieilles élites kémalistes, principal parti d’opposition, et le Parti d’action nationaliste (MHP) des « Loups gris » d’extrême-droite, qui pourraient faire leur retour à l’Assemblée, peut-être même en force. Car tous deux accusent l’AKP, à longueur de campagne, non plus tant de vouloir introduire la charia (loi islamique) que d’avoir « vendu le pays aux étrangers », de « soutenir les terroristes kurdes qui veulent diviser le pays », voire d’être « infiltrés par les Arméniens et les juifs ».

Le discours est certes plus outrancier chez les Loups gris que chez les kémalistes. Beaucoup de ces derniers professent toujours les principes sociaux-démocrates du fondateur de la République. Mais leur chef, Deniz Baykal, ayant résolument pris le tournant nationaliste, une alliance CHP-MHP pour gouverner est un scénario envisagé par certains sondages, au grand effroi des libéraux et des milieux d’affaires. Mais apparemment pas par M. Erdogan qui a promis, mardi, de se retirer de la vie politique si son parti ne gagnait pas avec une marge suffisante pour gouverner seul.

Sophie Shihab

LE MONDE

Article paru dans l’édition du 19.07.07.

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Author: raffi

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