L’Allemagne veut faire de la négation de la Shoah un délit en Europe

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L’Allemagne compte profiter de la présidence de l’Union européenne qu’elle assure jusqu’à la fin juin pour proposer de faire du révisionnisme et du négationnisme de la Shoah des délits dans toute l’Europe mais cette question divise les 27 pays membres.

« Ce qui nous préoccupe, c’est le regain d’activité et d’actes de violence des extrémistes de droite d’un pays à l’autre en Europe », expliquait début janvier la ministre allemande de la Justice, Brigitte Zypries, pour justifier son projet.

L’Allemagne, qui, pour objurguer le passé nazi, ne cesse de répéter son « devoir historique particulier », entend donc tout faire pour « enfin mettre sur pied des critères uniques au niveau européen dans la lutte contre l’extrême droite », a ajouté la ministre.

Elle a reçu vendredi le soutien moral des Nations unies qui ont adopté à l’unanimité une résolution condamnant sans réserve tout déni de l’Holocauste.

En Europe, si le projet est adopté, les écrits révisionnistes devraient à l’avenir être passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

En revanche, l’Allemagne, où la contestation de l’Holocauste est déjà un délit, n’entend pas faire interdire les croix gammées. La communauté hindoue, très présente en Grande-Bretagne, était montée au créneau arguant que la svastika est l’un de ses principaux symboles.

Ce projet allemand, qui sera débattu les 19 et 20 avril lors d’une réunion des ministres de la Justice à Luxembourg, devrait rencontrer un certain écho au Parlement européen où, pour la première fois depuis des années, l’extrême droite dispose à nouveau d’un groupe parlementaire, « Identité, Tradition, Souveraineté » (ITS).

Ce groupe s’est d’ailleurs choisi pour président le numéro deux du Front national français, Bruno Gollnisch, condamné à trois mois de prison avec sursis pour des propos controversés sur les chambres à gaz tenus devant la presse en octobre 2004.

En France, la négation du génocide juif est punie par la « loi Gayssot » de 1990 qui prévoit une peine d’un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

L’universitaire français Roger Faurisson, qui réitère depuis plus de 30 ans que les chambres à gaz n’ont jamais existé dans les camps nazis, a été le premier à tomber sous le coup de la loi, en 1991.

« Prétendre que les chambres à gaz n’ont jamais existé est une insulte aux morts et aux vivants. C’est indécent », estime l’historien allemand et survivant de l’Holocauste, Arno Lustiger, défenseur du projet.

Toutefois la présidence allemande parviendra-t-elle à obtenir l’unanimité des 27 Etats membres, nécessaire pour faire adopter un tel projet?

Deux précédentes initiatives en ce sens ont déjà échoué, dont la dernière il y a deux ans en raison de l’opposition de l’Italie.

Or le gouvernement italien a finalement renoncé vendredi dernier à faire de la négation de la Shoah un délit, en raison des vives critiques émises par des historiens qui entendaient défendre « la liberté des recherches historiques ».

Les défenseurs du projet allemand se retrouvent en effet confrontés à un paradoxe que résume Beate Rudolf, experte en droit européen à l’Université libre de Berlin: « Pour promouvoir un droit humain fondamental, vous devez limiter la liberté d’expression, qui est également un droit humain fondamental », explique-t-elle.

Des pays pourraient donc s’opposer à ce projet, notamment ceux dans lesquels prévaut ce principe de la liberté d’expression. C’est le cas par exemple de la Grande-Bretagne, du Danemark ou de la Suède.

Enfin certains pays de l’ancien bloc soviétique pourraient réclamer que les crimes commis sous la période communiste soient intégrés dans le projet allemand.

En Pologne, par exemple, une loi adoptée en 1998 prévoit une peine allant jusqu’à trois ans de prison pour « celui qui nie, publiquement et au mépris des faits, les crimes nazis et communistes commis entre le 1er septembre 1939 et le 31 décembre 1989 ».

raffi
Author: raffi

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