censée exalter l´amitié traditionnelle entre arméniens et géorgiens, la visite effectuée en géorgie les 24 et 25 juillet par le premier ministre arménien andranik markarian n´a pu éclipser les tensions entre les deux peuples, particulièrement visibles dans la région du djavakhk, une province géorgienne majoritairement peuplée d´arméniens frontalière de l´arménie. c´est aux portes de cette région, au poste-frontière de ninotsminda, un lieu hautement symbolique donc, que le premier ministre géorgien zourab noghaideli a accueilli dimanche son homologue arménien pour une visite de travail qui devait le conduire ensuite à tbilissi. l´avenir de cette région, en proie à une situation économique et sociale particulièrement difficile, a d´ailleurs été au c´ur des entretiens, qui ont porté notamment sur l´éventualité d´une coopération étroite entre les gouvernements géorgien et arménien en vue de la sortir de la crise où risque de la plonger davantage encore le départ de la base militaire russe d´akhalkalak, principal pourvoyeur d´emplois dans la région. les deux chefs de gouvernement ont également profité de leur passage dans la région pour visiter un musée et une église, en un geste symbolique témoignant un respect mutuel pour le patrimoine des deux peuples. pourtant, la question de l´appartenance des églises de la région est loin d´être réglée, comme l´a montré l´incident survenu dimanche dans le village de samsar, près d´akhalkalak. les habitants arméniens de ce village avaient empêché un groupe d´étudiants de tbilissi de participer à l´entretien du monastère local, un monument du 12e siècle. les villageois arméniens et les étudiants géorgiens se sont en effet querellés sur la question de l´appartenance du monastère à l´eglise apostolique arménienne ou à l´eglise orthodoxe géorgienne, avant d´en venir aux mains, l´affrontement se soldant par l´hospitalisation de l´un des étudiants géorgiens à tbilissi. soucieux de faire baisser les tensions, les représentants des eglises géorgienne et arménienne, engagées par ailleurs dans des discussions délicates en vue de régler la question du droit de propriété sur les lieux de culte se trouvant sur le territoire géorgien, ont signé une déclaration commune par laquelle ils déplorent l´incident de samsar. outre cette « querelle de clochers », l´enquête en cours contre l´auteur, d´origine arménienne, de l´attentat manqué contre les présidents saakachvili et bush en mai dernier à tbilissi, est venue compliquer la visite du premier ministre arménien en géorgie. vladimir haroutounian, sous le coup d´une inculpation pour acte de terrorisme, est actuellement soigné dans un hôpital de tbilissi pour les blessures reçues lors de son arrestation, peu après la découverte d´une grenade qu´il aurait destinée aux présidents géorgien et américain pendant le discours qu´ils prononçaient le 10 mai devant la foule amassée place de la liberté à tbilissi. selon les agents du fbi sur place, la grenade, qui était tombée à une trentaine de mètres de la tribune sur laquelle se tenaient mm. bush et saakachvili, aurait constitué une réelle menace pour la vie des deux chefs d´etat. l´interrogatoire du principal suspect dans cette affaire a été reporté dimanche, sur recommandation du médecin, mais selon la presse géorgienne, m. harutounian aurait déclaré qu´il serait prêt à faire sauter les deux présidents, si l´occasion s´en présentait encore, tout en regrettant la mort du policier survenue pendant son arrestation. la culpabilité de m. haroutounian n´a toutefois pas été établie, et m. markarian a catégoriquement rejeté l´éventualité de quelque piste arménienne que ce soit dans cette affaire. le premier ministre arménien a ainsi souligné que le suspect était citoyen géorgien et que cette affaire n´était aucunement liée aux arméniens ou à l´arménie, non plus que la grenade utilisée, dont il a nié qu´elle fût de facture arménienne.
