Ruben Vardanyan, un homme d’affaires milliardaire d’origine arménienne qui occupait jusqu’en février le deuxième poste le plus élevé de la direction du Haut-Karabakh, a été arrêté par les autorités azerbaïdjanaises mercredi alors qu’il fuyait la région avec des milliers d’Arméniens du Karabakh.
Le service de sécurité de l’État azerbaïdjanais a déclaré qu’il avait été arrêté dans le corridor de Latchine et emmené à Bakou. Il n’a pas précisé le motif de l’arrestation.
« Vardanyan a été remis aux organes compétents de l’État afin qu’ils prennent une décision à son sujet », a déclaré l’agence de presse APA.
Bakou a également diffusé une photo d’un Vardanyan menotté et escorté par des officiers azerbaïdjanais sur un aérodrome non spécifié.
L’épouse russe de M. Vardanyan, Veronika Zonabend, a demandé sa libération immédiate peu avant la confirmation officielle de son arrestation.
« Ruben s’est tenu aux côtés du peuple d’Artsakh pendant les dix mois de blocus [par l’Azerbaïdjan] et a souffert avec lui dans sa lutte pour la survie », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Je demande vos prières et votre soutien pour que mon mari soit libéré sain et sauf. »
M. Vardanyan a été nommé ministre d’État du Karabakh en novembre dernier, quelques mois après avoir déménagé au Karabakh et renoncé à sa citoyenneté russe. Le gouvernement azerbaïdjanais a condamné sa nomination, affirmant qu’elle avait été organisée par la Russie. Moscou a démenti cette affirmation.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a déclaré en février qu’il ne serait prêt à négocier sur les « droits et la sécurité de la minorité arménienne du Karabakh » que si Vardanyan démissionnait et quittait « notre territoire ». Bien que ce dernier ait été limogé une semaine plus tard, Bakou n’a jamais levé son blocus du corridor de Latchine.
M. Vardanyan, 55 ans, est un ancien banquier d’affaires qui a fait fortune en Russie dans les années 1990 et 2000. Il est également connu pour être un philanthrope qui a financé de nombreux projets caritatifs en Arménie et au Karabakh.
Ces derniers mois, M. Vardanyan s’est montré de plus en plus critique à l’égard du premier ministre Nikol Pachinian, dénonçant à plusieurs reprises sa reconnaissance de la souveraineté azerbaïdjanaise sur le Karabakh. Quelques heures seulement après son arrestation, le gouvernement arménien a demandé à la Cour européenne des droits de l’homme d’ordonner à Bakou de fournir d’urgence des informations sur le lieu et les conditions de détention de M. Vardanyan.
Le ministère arménien des Affaires étrangères a déclaré qu’il ferait de son mieux pour tenter d’obtenir la libération de l’éminent magnat et qu’il comptait sur le soutien de la Russie et « d’autres partenaires internationaux » dans cette entreprise.
« Le ministère arménien des Affaires étrangères a souligné à plusieurs reprises la nécessité d’une circulation sans entrave des personnes du Haut-Karabakh vers l’Arménie par le corridor de Latchine », a-t-il déclaré dans un communiqué transmis au service arménien de RFE/RL.
Les dirigeants actuels du Karabakh n’ont pas réagi immédiatement à cette arrestation, qui a eu lieu alors que la population du Karabakh continue à fuir l’offensive militaire azerbaïdjanaise des 19 et 20 septembre.
Vardanyan est le premier dirigeant du Karabakh à être arrêté par l’Azerbaïdjan depuis cette date. Il n’est pas clair si d’autres responsables actuels ou anciens du Karabakh pourraient également être arrêtés s’ils quittent le Karabakh. Bakou a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de certains d’entre eux.
Entre-temps, Moscou a refusé catégoriquement de commenter l’arrestation. « Je ne dispose pas de telles informations, je ne peux donc rien dire à ce sujet », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
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