Les Arméniens ont célébré mardi le 92ème anniversaire des massacres commis par l’Empire Ottoman.
Sous une forte chute de neige, des milliers d’Arméniens se sont rendus vers le monument à la mémoire des victimes dans la capitale arménienne.
Après avoir brûlé un drapeau turc sur la place de la Liberté à Erevan, les participants ont déposé des gerbes de fleurs au pied du monument où brûle une flamme éternelle depuis 1965, date de sa construction à une époque où l’Arménie faisait partie de l’URSS.
De nombreux participants portaient les drapeaux des pays qui ont reconnu le génocide.
Des responsables politiques, dont le président arménien Robert Kotcharian, ont assisté à la cérémonie de commémoration.
« La mémoire de ces actions démoniaques va toujours rester dans nos âmes », a déclaré M. Kotcharian.
« La communauté internationale a pris conscience que le génocide n’est pas seulement un crime contre un peuple en particulier, mais contre l’humanité, et qu’un déni et une dissimulation d’un tel crime sont aussi dangereux que sa préparation et son exécution », a estimé M. Kotcharian.
Comme chaque année, de nombreux membres de la diaspora arménienne se sont rendus à Erevan pour prendre part à la marche.
Parmi eux, il y avait la réalisatrice américaine d’origine arménienne, Carla Garapedian, qui tourné « Screamers » (les hurleurs), un film documentaire contre le négationnisme du génocide arménien et de tous les génocides.
« Je sais que la Turquie veut rejoindre l’Union européenne. Ils doivent s’excuser, dire +nous avons fait une énorme erreur et nous en sommes désolés+ », a déclaré Mme Garapedian.
Hrant Gazarian, 24 ans, est arrivé de Turquie pour déposer une gerbe au pied du monument, en l’honneur de Hrant Dink, un journaliste turc d’origine arménienne abattu en janvier à Istanbul.
« Cela fait 100 jours et ceux qui sont derrière ce meurtre ne sont toujours pas identifiés et punis (…) La Turquie doit reconnaître le génocide, afin qu’il n’y ait plus de victimes, comme Dink », dit Hrant Gazarian.
Erevan et Ankara n’ont aucune relation diplomatique en raison de ce différend. Cette question complique également les négociations de la Turquie pour son entrée au sein de l’Union européenne.
Plus de 20 pays ont officiellement reconnu les tueries commises entre 1915 et 1917 comme un génocide, dont la Belgique, le Canada, le Pologne, la Russie, la Suisse et la France.
Mais des puissances comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis refusent d’utiliser ce terme, soucieuses de garder de bonnes relations avec la Turquie.
Israël, qui a des liens très proches avec la Turquie, un des rares pays musulmans avec lequel il a des relations diplomatiques, a rejeté en mars une motion reconnaissant implicitement la réalité d’un génocide arménien.
La Turquie a suspendu sa coopération militaire avec la France en novembre, en raison de l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien.