L’Arménie a exhorté hier davantage de pays occidentaux à suspendre leur exportation de drones vers la Turquie alors qu’elle publiait des preuves de l’existence de ces types de véhicules aériens sans pilote turcs (UAV) utilisés par l’Azerbaïdjan dans la guerre en cours au Haut-Karabagh.
Le ministère arménien de la Défense a publié des photographies de ce qu’il a décrit comme des fragments d’un drone de combat de fabrication turque Bayraktar TB2 qui aurait été abattu lundi par les forces arméniennes du Karabagh.
La porte-parole du ministère, Shushan Stepanian, a expliqué que l’une des photos représentait le système d’imagerie et de ciblage en grande partie intact du drone fabriqué par une société basée au Canada, L3Harris Wescam.
«Il a été fabriqué par la société canadienne Wescam en juin 2020 et installé sur un Bayraktar TB2 en septembre 2020», a-t-elle décrit.
Le gouvernement canadien a temporairement interdit la vente de tels équipements à la Turquie le 5 octobre un peu plus d’une semaine après le déclenchement des pires hostilités dans la zone de conflit du Karabagh depuis le début des années 1990.
Cette décision a été saluée par Erevan mais critiquée par Ankara. Cela faisait suite à une déclaration du groupe canadien de contrôle des armements Project Ploughshares, affirmant que la vidéo des frappes aériennes menées par des drones de l’armée azerbaïdjanaise indique qu’ils sont équipés de systèmes d’imagerie et de ciblage fabriqués par L3Harris Wescam.
Une société turque fabriquant des Bayraktar achèterait également des composants d’autres pays occidentaux.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé que l’Armée de défense du Karabagh avait abattu une douzaine de ces drones à ce jour.
«Aucun des drones détruits n’était tombé sur un territoire contrôlé par l’Armée de défense jusqu’à lundi. Il semblerait que nous possédions désormais enfin des fragments de Bayraktar», a-t-il écrit sur Facebook.
Pachinian a commenté les photos publiées en expliquant que c’étaient des preuves supplémentaires de «l’implication directe» de la Turquie dans la guerre : «Sur la base de ce fait, les pays qui fournissent à la Turquie les pièces nécessaires de Bayraktar devraient suivre l’exemple du Canada et suspendre leurs approvisionnements».
L’Arménie a également accusé la Turquie d’avoir déployé du personnel militaire turc et des mercenaires syriens en Azerbaïdjan avant la guerre. Les gouvernements turc et azerbaïdjanais le nient.
Bakou a admis avoir utilisé des drones turcs et israéliens contre des cibles arméniennes. Mais il insiste sur le fait qu’ils appartiennent et sont gérés par l’armée azerbaïdjanaise.
Selon les données sur les exportations citées par l’agence de presse Reuters, les exportations militaires de la Turquie vers l’Azerbaïdjan ont été multipliées par six cette année, les ventes de drones et d’autres équipements militaires ayant atteint 77 millions de dollars le mois dernier seulement. La plupart des drones, lance-roquettes, munitions et autres armes achetés ont été livrés après juillet.
