L’Arménie n’a pas de pétrole… mais elle pourrait bien receler assez d’uranium pour être en mesure de l’exporter. Un accord a été en tout cas conclu entre l’Arménie et la Russie en vue de la prospection et de l’exploitation de gisements de ce minerai hautement stratégique, dans un pays dépourvu de ressources énergétiques dont l’électricité est fournie en grande part par une centrale nucléaire vétuste datant de l’époque soviétique et alimentée en combustible russe, du moins jusqu’à ce qu’elle doive cesser de fonctionner, comme l’exige d’ailleurs déjà l’UE. La mise en uvre de cet accord pourrait changer radicalement la stature internationale de l’Arménie, à en croire le ministre arménien de la protection de l’environnement, Vartan Ayvazian, et le directeur du département de l’énergie nucléaire de la Fédération de Russie, Sergueï Kyrienko, qui se sont exprimés devant la presse le 25 avril. M. Kyrienko a appuyé son optimisme sur l’accord intervenu entre les présidents russe et arménien lors de leur rencontre à Sotchi, et aussi sur le fait que la plus grande partie des recherches d’uranium en Arménie avait été menée à bien. La présence d’uranium en Arménie, à côté de gisements aurifères importants, avait été détectée dès l’époque soviétique, mais eu égard à la nature stratégique du minerai et des priorités de la planification soviétique, les recherches n’avaient pas été poursuivies. Mais selon les experts soviétiques, l’Arménie recèlerait quelque 30 000 tonnes d’uranium et M. Kyrienko a bon espoir que des recherches plus poussées permettrait d’augmenter de 150 à 200% le volume des réserves d’uranium enfouies dans le sous-sol arménien. L’expertise devrait être achevée d’ici la fin de l’année, après quoi une société russo-arménienne devrait être créée afin d’entreprendre l’exploitation des gisements. L’Arménie devrait ainsi intégrer le club très privé du Centre d’énergie nucléaire, fondé dernièrement par la Russie et le Kazakhstan, ce qui devrait permettre à l’Arménie de devenir producteur et exportateur d’uranium. Quant à savoir si l’uranium extrait du sous-sol arménien pourrait alimenter en combustible la centrale arménienne, c’est une autre question. A ce sujet, M. Kyrienko a toutefois fait savoir que la centrale arménienne de Medzamor est en mesure de fonctionner correctement jusqu’à l’échéance prévue de 2016. L’Arménie devrait donc déjà songer à se doter d’une nouvelle centrale nucléaire. Au nom du gouvernement russe, il a suggéré aux autorités arméniennes d’entreprendre la construction de la nouvelle centrale d’une capacité équivalente à la précédente mais suivant les technologies les plus modernes. Il a souligné que la Russie, malgré les importantes réserves de pétrole et de gaz naturel dont elle dispose, développant son programme nucléaire, l’Arménie, qui est dépourvue de combustible fossiles, aurait tout intérêt à développer le sien. En écho, M. Ayvazian a indiqué que l’exploitation et la production d’uranium en Arménie encourageaient certainement le gouvernement à construire une nouvelle centrale nucléaire. Si l’on ne connaît pas le volume des réserves arméniennes d’uranium, il est possible que la découverte du précieux minerai chez son voisin et ami encourage aussi l’Iran à poursuivre son programme nucléaire très controversé, et fasse de l’Arménie un partenaire convoité.
