« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! ». Cette célèbre phrase de De Gaulle lancée lors de la Seconde guerre mondiale pourrait également être le mot d’ordre des Arméniens. La défaite de la bataille de 44 jours à l’automne 2020 en Artsakh face à une coalition de forces ennemies turco-azéries et une bataille perdue pour les Arméniens dans ce déséquilibre des forces. Mais la guerre continue et continuera jusqu’à ce qu’un juste règlement de la situation en Artsakh soit réalisé.
Depuis l’acte humiliant de la capitulation du 9 novembre 2020, les Arméniens qui vivaient durant 30 ans sur les lauriers de la victoire des forces arméniennes de libération en Artsakh, vivent désormais le choc de la défaite ! Et cette défaite qui ramène à la réalité et l’humilité pourrait s’avérer nécessaire à la reconstruction de l’armée arménienne.
Le général américain George Marshall disait « La puissance militaire remporte des batailles, la force morale remporte les guerres ». C’est cette force morale de la nation arménienne, retrouvée autour de son armée qui remportera les prochaines guerres. Car face aux agressions azéries et occupations des territoires souverains de l’Artsakh et de l’Arménie, ces guerres sont immanquablement programmées. Le compte à rebours a déjà commencé. La seule inconnue restant la date de ces futures confrontations. Car une nation solidaire de ses valeurs, ne peut rester sur une injustice subie. Et cette volonté de justice est étrangère à l’esprit revanchard.
La seule alternative à la paix et la sécurité pour l’Arménie et l’Artsakh…est la reconstruction de l’armée et la préparation à la guerre ! Face à un régime azéri dictatorial, assassin et exterminateur déclaré du peuple arménien, le seul garant de la vie et de la sécurité des Arméniens, reste son armée et le renforcement de cette dernière. Quel qu’en soit la charge économique pour l’Arménie, reconstituer une armée efficace est plus qu’un luxe, une véritable nécessité de vie.
Car la guerre est inéluctable contre une dictature qui développe la haine de l’Arménien dans ses gênes à des niveaux qui frisent l’hystérie. Et si Erévan, sans une armée efficace, espère que les accords de paix soient respectés par Bakou, elle est dans l’illusion. A l’exemple de son despote Aliev, la diplomatie azérie signe des accords, mais ne les applique jamais. Que ceux qui croient naïvement aux engagements de l’Azerbaïdjan, retiennent la leçon qu’avec une telle dictature, aucun accord ne sera in fine respecté.
« Si tu veux la paix, prépare la guerre », nous dit l’antique adage romain. Nos responsables en Arménie devraient réfléchir à deux fois sur cette formule pleine de sagesse. A commencer le réarmement plus adapté de l’Armée arménienne au regard du constat de la guerre de 44 jours en Artsakh et des conclusions qui en découlent. L’une d’elle est la présence dans le ciel -par des drones- car le danger des guerres modernes…vient du ciel.
Nous, les Arméniens, avons des millions de stratèges, de donneurs de leçons et d’experts militaires auto-proclamés. Des conseils par millions, sans toujours évaluer le coût d’une armée efficace tant en hommes qu’en équipement. Mais un simple constat nous ramène au financement de ces armes de nouvelles générations et nouvelles technologies. Comment l’Arménie qui a doublé son budget de Défense passant de 600 millions à 1,2 milliards de dollars pour 2023, pourrait faire face à ces milliards de dollars nécessaires à l’équipement de son armée ? La croissance économique exceptionnelle de l’Arménie, de l’ordre de 13% l’an dernier, permit au gouvernement arménien de doubler son budget de la Défense. Et l’un des secteurs qui dégagent ces croissances sont ceux des Technologies de l’information (IT) dont l’Arménie est en passe de devenir maître, et le tourisme.
Pour l’Arménie, les 10 millions d’Arméniens de la diaspora sont un potentiel touristique précieux. Ces millions d’Arméniens, en se rendant en touristes en Arménie, développent l’économie arménienne, en y laissant de précieuses devises qui alimenteront le budget de l’Etat arménien qui alimentera également celui de la Défense.
Aussi, nous ne pourrions que vous encourager à vous rendre en Arménie à chaque fois que l’occasion se présente pour vos vacances. Vous y passerez à n’en pas douter un merveilleux séjour au pays de vos ancêtres, un pays si chaleureux qu’on s’y attache très vite, au point de vouloir y retourner régulièrement. Et vous aurez ainsi contribué à la sécurité de la nation d’Arménie, par vos dépenses sur place.
Aider l’Arménie et l’Armée arménienne, c’est aussi simple que cela ! Et c’est plus efficace que des millions de discours…
Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan
Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora
