L’Arménie subit de fortes pressions pour rejoindre l' »État d’union » de la Russie et de la Biélorussie et ouvrir un « corridor extraterritorial » vers l’exclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, a déclaré mardi un haut responsable arménien, commentant la poursuite du blocus azerbaïdjanais du Haut-Karabagh.
« Le contexte plus large, pour ainsi dire, du soutien à l’Azerbaïdjan s’inscrit dans le cadre de la sécurisation d’une route passant par le territoire arménien dans le cadre de la logique dite du corridor », a déclaré Armen Grigorian, le secrétaire du Conseil de sécurité arménien, à la télévision publique arménienne tard lundi. « L’Arménie continue de s’y opposer ».
« En ce qui concerne l’État d’union, les pressions sur l’Arménie viennent également de là », a-t-il ajouté. « Lorsque le système démocratique arménien y résiste, il subit différents types de pression sous la forme de la force militaire. »
Grigorian n’a pas décrit explicitement la Russie comme étant la source de cette pression. Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a dénoncé ses commentaires comme étant « provocateurs ».
S’adressant à News.am, M. Peskov a insisté sur le fait que les responsables russes n’ont jamais demandé à Erevan d’ouvrir le corridor terrestre pour l’Azerbaïdjan ou de rejoindre l' »État union » russo-biélorusse.
Certains législateurs représentant le Contrat civil du Premier ministre Nikol Pashinian ont pointé du doigt la Russie peu après que l’Azerbaïdjan ait bloqué, le 12 décembre, l’unique route reliant le Karabakh à l’Arménie. Selon eux, Moscou a ordonné aux forces de maintien de la paix russes de ne pas empêcher ou mettre fin au blocage de la route dans le but d’obtenir des concessions géopolitiques de la part d’Erevan.
« Le corridor de Lachin serait rouvert maintenant si la Russie le voulait », a déclaré l’un de ces législateurs, Gagik Melkonian, au service Arménie de RFE/RL mardi. « La Russie veut que nous soyons son vassal ».
En revanche, les parlementaires de l’opposition ont balayé d’un revers de main les affirmations de Grigorian. Tigran Abrahamian, un membre important du bloc d’opposition Pativ Unem, a déclaré que l’administration de M. Pashinian attise le sentiment anti-russe pour tenter de fuir la responsabilité de son incapacité à faire face aux graves problèmes de sécurité auxquels l’Arménie est confrontée. Selon M. Abrahamian, Moscou n’a aucun intérêt direct dans l’ouverture du corridor souhaitée par Bakou.
Fin septembre, le vice-premier ministre russe Alexei Overchuk a effectivement soutenu la position du gouvernement arménien sur un projet de route et de voie ferrée qui relierait le Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan via l’Arménie. M. Overchuk a souligné qu’un groupe de travail russo-arménien-azerbaïdjanais n’avait jamais discuté de « corridors extraterritoriaux ».
Début octobre, un journal arménien contrôlé par Pashinian a affirmé que les Russes tentaient d’annexer l’Arménie ou de l’intégrer à leur « État-union » avec le Belarus. Le Kremlin a qualifié cette affirmation de « non-sens évident ».
M. Abrahamian et Agnesa Khamoyan, députée au Parlement représentant l’alliance d’opposition Hayastan, ont mis Grigorian au défi de préciser publiquement si Moscou fait pression sur l’Arménie pour qu’elle rejoigne l’union Russie-Biélorussie.
« Il doit préciser qui a formulé une telle demande ou proposition », a déclaré Mme Khamoyan.
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