Les autorités d’Arménie ont exprimé lundi 30 janvier leurs vives préoccupations concernant les récentes informations relatives aux attaques visant la communauté arménienne de Jérusalem, imputées aux extrémistes juifs, un courant qui est largement représenté dans le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, qui a pactisé plus que jamais avec l’extrême droite israélienne pour récupérer un poste de premier ministre que les dernières élections lui avaient à nouveau proposé, en dépit d’un lourd passif, notamment judiciaire. “Nous sommes profondément préoccupés par les récents actes de violence et de vandalisme visant les institutions religieuses chrétiennes à Jérusalem, dont le Patriarcat arménien, et les habitants arméniens de la vieille ville”, a tweeté le porte-parole du ministère arménien des affaires étrangères, Vahan Hunanian, qui n’a pas précisait comment les autorités israéliennes devaient réagir face à de tels incidents. Sa courte déclaration intervient deux jours après les heurts ayant opposé des Arméniens de Jérusalem à des juifs ultraorthodoxes, puis à la police israélienne dans le quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem. Selon un prête arménien de la ville, le père Aghan Gogchian, cette violence a été provoquée par les tentatives d’ « extrémistes juifs » de grimper sur le toit du siège du Patriarcat arménien de Jérusalem en vue d’en retirer le drapeau national et les emblèmes de l’Eglise arménienne, présente depuis plus d’un millénaire dans la Ville sainte. Dans un message posté sur Facebook, Gogchian a indiqué que les jeunes Arméniens avaient chassé les assaillants avant d’être violemment pris à partie par les policiers des forces anti-émeutes israéliennes. La police israélienne a roué de coups plusieurs des Arméniens impliqués dans l’incident et arrêté l’un d’entre eux, a-t-il ajouté, en accompagnant son message des images video de l’incident filmées par une caméra de sécurité. Selon Gogchian, peu avant, samedi, deux autres “extrémistes juifs” avaient été interpelés et détenus après avoir insulté des Arméniens, leur criant de “quitter notre pays ” en les aspergeant, pour l’un d’eux, de gaz lacrymogène. Jeudi, une foule haineuse aurait attaqué et saccagé un restaurant arménien situé dans le quartier ancien. Selon le propriétaire du restaurant, Mihran Grigorian, la trentaine d’assaillants auraient proféré des menaces, hurlant “mort aux chrétiens!” et “mort aux Arabes!” Une video de l’incident postée sur Facebook les montre renversant les tables et les chaises et les lançant sur le personnel du restaurant. “Ce n’est pas le première fois que des extrémistes se conduisent de la sorte”, rapporte News.am, citant Grigorian qui constate que les “habitants non-juifs sont désormais agressés systématiquement ”. Le Patriarcat avait fait savoir le 11 janvier que des vandales avaient taggé des graffiti anti-Arméniens et anti-chrétiens sur les murs d’une église arménienne du quartier. Une semaine auparavant, plus de 30 tombes du cimetière protestant du Mont Sion avaient été profanées. Un archevêque anglican avait accusé les extrémistes juifs d’être les auteurs de cet acte de vandalisme. « C’est la dernière d’une longue série d’attaques contre les chrétiens et contre leurs biens dans et aux environs de la vieille ville”, avait déploré le consulat britannique à Jérusalem le 4 janvier, en ajoutant : “Les auteurs de ces attaques animées par des motivations religieuses devraient être poursuivis ». L’Eglise apostolique arménienne accuse depuis des années les juifs intégristes d’insulter ses ecclésiastiques et de les arroser de leurs crachats lorsqu’ils les croisent dans les rues de la vieille ville de Jérusalem. Ces plaintes n’ont jamais été suivies d’effets sérieux ; deux soldats israéliens avaient été brièvement détenus par la police en novembre 2022 pour s’être comportés de la sorte lors d’une procession religieuse menée par un archevêque arménien. Si les Arméniens n’ont jamais été en odeur de sainteté chez les radicaux juifs, il est probable que certains développements politiques dans les relations arméno-israéliennes aient eu des répercussions à Jérusalem, où la tension était vive d’ailleurs ces jours-ci après l’attaque d’une synagogue de Jérusalem Est, la partie palestinienne occupée par Israël de la Ville sainte, par un Palestinien âgé de 13 ans, qui a tué sept personnes avant d’être abattu par la police. Israël entretient d’excellentes relations avec l’Azerbaïdjan, à qui elle fournit d’importantes livraisons d’armes, dont des drones, depuis des années, en échange de ses ressources énergétiques, et tient l’Iran pour son principal ennemi dans la région, où Téhéran semble afficher de bien meilleures relations avec Erevan qu’avec Bakou.
